Rancimat est une méthode d’analyse accélérée permettant de mesurer la stabilité à l’oxydation des graisses et des huiles. Elle consiste à exposer un échantillon lipidique à une température élevée sous flux d’air constant afin d’évaluer sa résistance à l’oxydation, un phénomène responsable du rancissement, de la perte de qualité sensorielle et de la diminution de la durée de vie des produits. La stabilité à l’oxydation est un critère essentiel pour garantir la qualité des produits lipidiques tout au long de leur cycle de vie. Simple, reproductible et normalisée, cette technique est largement utilisée dans l’industrie cosmétique, agroalimentaire et nutraceutique pour prédire le comportement des matières grasses dans le temps.
Table des matières
Introduction
Un test incontournable pour les graisses et huiles
Le test Rancimat est une méthode analytique physico chimique normalisée permettant de mesurer la stabilité oxydative des corps gras, c’est-à-dire leur résistance à l’oxydation lorsqu’ils sont exposés à la chaleur et à l’air. Cette propriété est déterminante dans de nombreux domaines industriels, en particulier dans l’agroalimentaire, la nutrition, la cosmétique, ou encore les produits nutraceutiques. Les huiles, beurres, margarines, mais aussi les extraits végétaux riches en lipides, peuvent voir leur qualité, leur sécurité et leur durée de conservation compromises par les phénomènes d’oxydation.
L’oxydation des lipides entraîne la formation de composés volatils et de produits secondaires comme les aldéhydes ou les acides gras à chaîne courte. Ces substances peuvent dégrader la texture, l’odeur, la saveur, mais aussi les qualités nutritionnelles du produit. Dans certains cas, elles peuvent même générer des composés toxiques. Il est donc essentiel, pour les fabricants, de disposer d’un outil fiable pour évaluer la stabilité de leurs matières grasses.
Une méthode de référence, reconnue et normée
Le test Rancimat est aujourd’hui reconnu au niveau international, notamment grâce à la norme européenne EN 14112, qui définit les conditions d’analyse pour ce type de mesure. Il est utilisé aussi bien pour le contrôle qualité que pour la recherche et le développement, notamment dans la formulation de produits à haute stabilité ou enrichis en antioxydants.
Cette méthode repose sur un principe simple : soumettre l’échantillon à un flux d’air chaud et mesurer le temps nécessaire à l’apparition de produits d’oxydation secondaires. Ce temps est appelé temps d’induction, et il constitue un indicateur clair de la stabilité oxydative d’une huile ou d’une matière grasse. Plus le temps d’induction est long, plus le produit est résistant à l’oxydation.
Un enjeu stratégique pour la qualité et la conformité
Au-delà de la simple mesure, le test Rancimat s’inscrit dans une démarche plus large de maîtrise de la qualité produit. Il permet d’anticiper le rancissement, de comparer plusieurs formulations, d’évaluer l’efficacité de différents antioxydants, ou encore de valider des allégations comme “riche en oméga 3” ou “longue conservation”.
Qu’est-ce que le test Rancimat
Une méthode de vieillissement accéléré
Le test Rancimat, également appelé indice de stabilité oxydative (OSI pour Oxidation Stability Index), est une méthode de vieillissement accéléré conçue pour mesurer la résistance des graisses et huiles à l’oxydation. Cette technique repose sur un principe simple : en augmentant artificiellement la température et en faisant circuler un flux d’air à travers un échantillon lipidique, on provoque une oxydation accélérée. L’objectif est d’anticiper le comportement d’un corps gras dans le temps, sans avoir à attendre plusieurs mois de stockage à température ambiante.
Le test permet donc d’estimer de manière fiable la stabilité oxydative d’un produit, et donc sa durée de conservation. C’est un outil précieux aussi bien pour les fabricants de denrées alimentaires, que pour les formulateurs de produits cosmétiques ou les laboratoires de nutrition animale.
Un indicateur précis : le temps d’induction
Le paramètre clé obtenu grâce au test Rancimat est le temps d’induction. Il s’agit du moment à partir duquel les produits d’oxydation secondaire commencent à apparaître de manière significative. Ces composés (aldéhydes, cétones, acides volatils) sont le résultat de la dégradation des peroxydes formés lors de l’oxydation des acides gras insaturés. Une analyse de l’indice de peroxyde en laboratoire permet de quantifier ces composés en phase initiale d’oxydation.
Le test mesure ce temps de manière indirecte : lorsque les composés volatils atteignent une solution d’eau déionisée placée en sortie du système, ils modifient sa conductivité électrique. Cette variation est enregistrée en continu par l’appareil, et le logiciel détermine le point de rupture de la courbe, correspondant à l’accélération de l’oxydation. Ce temps est exprimé en heures, et il est d’autant plus élevé que le produit est résistant à l’oxydation.
Une alternative moderne aux méthodes traditionnelles
Avant l’apparition du test Rancimat, la stabilité oxydative des graisses était généralement évaluée par des méthodes longues et peu automatisables, telles que la méthode de Schaal ou les tests de stockage à température ambiante. Ces techniques, bien qu’utiles, demandaient plusieurs semaines, voire plusieurs mois, pour obtenir des résultats exploitables.
Le test Rancimat, quant à lui, permet d’obtenir des données précises en moins de 24 heures, parfois en quelques heures seulement. Il offre en outre une reproductibilité bien supérieure aux méthodes traditionnelles, ce qui en fait un outil de choix pour le contrôle qualité et la comparaison entre lots ou formulations.
Une méthode complémentaire dans une approche globale
Le test Rancimat ne remplace pas totalement les autres analyses d’oxydation, mais il s’intègre dans une approche analytique globale. Il est souvent utilisé en complément de l’indice de peroxyde, de l’indice d’anisidine ou encore de l’indice TotOx, qui donnent d’autres informations sur l’état d’oxydation primaire ou secondaire d’un échantillon. Le Rancimat apporte quant à lui une vision dynamique de la stabilité du produit, en simulant son comportement au fil du temps.
Vous recherchez une analyse ?

Principe de fonctionnement du test Rancimat
Un flux d’air chaud pour accélérer l’oxydation
Le test Rancimat est basé sur une réaction chimique d’oxydation, amplifiée par la chaleur et l’oxygène. Dans la cellule de réaction, un échantillon lipidique est soumis à une température constante, généralement de 110 °C. Simultanément, un flux d’air sec est injecté à travers l’échantillon à un débit contrôlé, créant des conditions d’oxydation accélérée.
Sous l’effet de cette combinaison température/air, les acides gras insaturés contenus dans l’échantillon commencent à s’oxyder. Cette réaction produit dans un premier temps des peroxydes, puis des composés secondaires plus instables comme des aldéhydes, des cétones ou des acides gras courts.
Collecte et détection des composés volatils
Les produits secondaires d’oxydation étant en grande partie volatils, ils sont entraînés par le flux d’air vers un second compartiment contenant de l’eau déionisée. Ces composés, en se dissolvant dans l’eau, modifient sa conductivité électrique. C’est cette variation de conductivité qui est enregistrée en continu par l’appareil tout au long de l’essai.
Au début du test, tant que l’échantillon est stable, la courbe de conductivité reste plate. Puis, à un certain moment, les composés volatils se forment en quantité suffisante pour provoquer une augmentation rapide de la conductivité de la solution. Cette inflexion brutale correspond au temps d’induction, c’est-à-dire le moment où la stabilité oxydative du produit commence à se dégrader fortement.
Une mesure reproductible et automatisée
L’un des grands avantages du test Rancimat réside dans sa simplicité d’exécution et la reproductibilité de ses résultats. Le système est entièrement automatisé : une fois les conditions de test définies (température, débit d’air, volume d’échantillon), l’analyse peut être lancée sans intervention manuelle. Le logiciel intégré à l’appareil trace automatiquement la courbe de conductivité et calcule le temps d’induction selon des critères définis par la norme EN 14112.
Cette automatisation limite les biais liés à l’opérateur et rend les comparaisons entre différents échantillons beaucoup plus fiables. C’est ce qui fait du test Rancimat un outil particulièrement adapté au screening de formulations, à la validation de lots de production, ou à l’évaluation de l’efficacité d’un antioxydant ajouté à une huile.
Un test applicable à différents types de matrices
Le test Rancimat peut être réalisé sur des produits liquides (huiles, beurres fondus) mais aussi, sous certaines conditions, sur des matrices solides. Lorsque l’échantillon n’est pas directement analysable sous forme native, une extraction préalable de la matière grasse est réalisée, souvent à l’aide d’un solvant comme l’éther de pétrole. Cette étape permet de récupérer la fraction lipidique à tester.

Détails analytiques et techniques du test
Une méthode normée : EN 14112
Le test Rancimat est encadré par la norme européenne EN 14112, qui définit les conditions expérimentales à respecter pour obtenir des résultats fiables et comparables. Cette norme est notamment utilisée dans le cadre des analyses de biocarburants et des huiles végétales alimentaires. Elle impose une température de test de 110 °C, un débit d’air de 20 L/h, ainsi qu’un volume d’échantillon standardisé selon la nature du produit.
Le respect de cette norme garantit que les temps d’induction mesurés sont reproductibles, comparables d’un laboratoire à l’autre, et exploitables à des fins de conformité ou d’optimisation de formulation.
Type d’échantillons acceptés et préparation
Le test Rancimat peut être appliqué à une grande variété de matrices lipidiques. Les échantillons les plus courants sont :
- Des huiles végétales brutes ou raffinées (tournesol, colza, olive, palme, etc.)
- Des margarines et beurres fondus
- Des ingrédients nutraceutiques à base d’oméga-3
- Des extraits lipidiques issus de plantes ou d’algues
- Des produits cosmétiques contenant des corps gras
Lorsque les produits sont solides ou complexes (comme une pâte ou une poudre enrichie en lipides), une extraction préalable de la phase grasse est nécessaire. Cette opération se fait généralement par extraction au froid avec un solvant apolaire, tel que l’éther de pétrole. L’extrait obtenu est ensuite analysé en l’état.
Les échantillons doivent être conditionnés dans un flaconnage étanche et inerte, afin d’éviter toute oxydation prématurée. Le transport et la conservation à température contrôlée peuvent également être requis, selon la sensibilité des produits analysés.
Détection des composés volatils et temps d’induction
La mesure repose sur la variation de conductivité d’une solution aqueuse (eau déionisée) placée dans une cellule de détection. Les composés volatils générés par l’oxydation du corps gras migrent sous l’effet du flux d’air, et se dissolvent dans l’eau, entraînant une augmentation de sa conductivité.
Le logiciel de l’appareil trace la courbe de conductivité en temps réel. Le temps d’induction est défini comme le point d’inflexion de cette courbe, là où la pente s’accélère brusquement. Ce point marque la fin de la période de stabilité oxydative de l’échantillon.
Plus ce temps est long, plus le produit est considéré comme résistant à l’oxydation. Ce paramètre est souvent utilisé comme critère de sélection dans la formulation de produits alimentaires ou cosmétiques à longue durée de vie.
Exemple de présentation analytique
Afin d’assurer la rigueur de la prestation, les laboratoires peuvent présenter l’analyse Rancimat sous la forme suivante :
Le test : Indice de stabilité oxydative (Rancimat) à 110 °C est réalisé selon la norme EN 14112. Le prélèvement s’effectue dans un flaconnage étanche et inerte. La mesure repose sur la détection de produits d’oxydation volatils transportés dans une solution aqueuse, dont la conductivité est enregistrée en continu. Le temps d’induction caractérise la stabilité oxydative du corps gras testé.
Cette présentation normalisée permet une traçabilité optimale, indispensable pour les industriels soumis à des exigences de qualité, de sécurité et de conformité réglementaire.
Le test Rancimat, par sa précision technique et son protocole éprouvé, constitue un outil d’analyse essentiel dans toute démarche de contrôle qualité ou d’amélioration produit.

Paramètres influençant les résultats du test Rancimat
Le profil en acides gras : un facteur déterminant
La composition en acides gras d’un produit lipidique est l’un des facteurs majeurs influençant sa stabilité oxydative. Les acides gras saturés (AGS) sont structurellement plus stables à l’oxydation, car ils ne possèdent aucune double liaison. À l’inverse, les acides gras polyinsaturés (AGPI), riches en doubles liaisons, sont beaucoup plus sensibles à l’attaque de l’oxygène.
Un produit contenant une proportion élevée d’AGPI (comme l’acide linoléique C18:2 ou l’acide linolénique C18:3) présentera en général un temps d’induction plus court. À l’inverse, les graisses riches en AGS (comme l’acide palmitique C16:0 ou l’acide stéarique C18:0) sont plus stables dans le temps. Les acides gras monoinsaturés (AGMI), comme l’acide oléique (C18:1), offrent un bon compromis entre stabilité et intérêt nutritionnel.
Ainsi, un simple changement dans le ratio AGS/AGPI peut modifier significativement les résultats d’un test Rancimat. C’est pourquoi l’analyse du profil en acides gras, souvent réalisée en parallèle par chromatographie en phase gazeuse (GC-FID), est indispensable pour expliquer les variations observées.
La présence d’antioxydants naturels ou ajoutés
Les antioxydants sont des molécules capables d’inhiber ou de ralentir l’oxydation des lipides. Ils peuvent être naturellement présents dans les huiles végétales (vitamine E, tocophérols, composés phénoliques), ou ajoutés au cours de la formulation (BHA, BHT, ascorbates, extraits de romarin).
Le test Rancimat est souvent utilisé pour évaluer l’efficacité d’un antioxydant ajouté à une huile ou à un ingrédient lipidique. En comparant les temps d’induction avec et sans ajout, il est possible de démontrer l’effet protecteur du composé testé. La dose, la nature chimique et la synergie entre plusieurs antioxydants jouent toutes un rôle sur la performance finale.
L’utilisation du test dans ce contexte est particulièrement répandue dans le secteur de la nutraceutique, où la stabilité des oméga-3 est un enjeu critique, mais aussi dans l’agroalimentaire pour prolonger la durée de vie des produits à base d’huiles sensibles.
Le procédé de transformation ou de formulation
Le traitement thermique, le raffinage, l’hydrogénation partielle, ou encore l’intérêtérification des huiles peuvent profondément modifier leur comportement face à l’oxydation. Par exemple, une huile raffinée aura perdu une partie de ses antioxydants naturels, ce qui peut raccourcir son temps d’induction.
De même, certaines combinaisons technologiques, comme le mélange d’huiles hydrogénées riches en acide stéarique avec des huiles liquides, permettent d’ajuster à la fois la texture et la stabilité du produit final. Ces choix de formulation influencent directement les résultats obtenus au test Rancimat.
La structure physique du produit (liquide, semi-solide, microencapsulé) peut également influencer l’exposition à l’air et donc la vitesse d’oxydation.
La complexité de la matrice lipidique
Tous les échantillons ne sont pas égaux face à l’oxydation. Les produits alimentaires complexes, comme les margarines, les préparations prêtes à l’emploi ou les poudres enrichies, contiennent des matrices multi-composants où les lipides sont en interaction avec des protéines, des sucres ou des émulsifiants.
Ces interactions peuvent soit accélérer l’oxydation (présence de métaux traces, pro-oxydants), soit au contraire la ralentir (effet protecteur de certaines protéines ou agents de structure). Dans ces cas, la reproductibilité du test dépend en grande partie de la qualité de l’extraction de la phase lipidique avant analyse.
C’est pourquoi l’expérience du laboratoire et le respect strict des protocoles de préparation jouent un rôle clé dans la fiabilité des mesures.
Intérêt du test Rancimat dans l’industrie
En agroalimentaire : garantir la durée de vie des produits lipidiques
Dans l’industrie alimentaire, le test Rancimat est largement utilisé pour évaluer la stabilité oxydative des huiles, margarines, beurres et matières grasses incorporées dans des produits transformés. Il permet de déterminer la capacité d’un produit à résister au rancissement pendant le stockage, un critère essentiel pour la qualité organoleptique et la sécurité microbiologique.
Il est particulièrement utile lors du développement de nouvelles recettes, par exemple pour comparer la stabilité de différentes huiles végétales ou pour tester l’efficacité de combinaisons d’antioxydants. Le Rancimat est également utilisé en routine dans le contrôle qualité des lots de production afin d’assurer la conformité aux spécifications internes ou réglementaires.
Les industriels s’en servent également pour justifier des allégations telles que “riche en oméga-3” ou “conservation prolongée”, à condition que les résultats soient corrélés avec d’autres analyses complémentaires comme l’indice de peroxyde ou l’analyse sensorielle.
En nutraceutique : évaluer la stabilité des acides gras essentiels
Les compléments alimentaires à base d’huiles marines ou végétales riches en oméga-3 (EPA, DHA, ALA) sont particulièrement sensibles à l’oxydation. Ces acides gras polyinsaturés sont hautement instables, ce qui peut affecter leur efficacité nutritionnelle, leur innocuité et leur goût.
Le test Rancimat est utilisé pour sélectionner les matières premières, mais aussi pour évaluer l’efficacité des procédés de microencapsulation, d’ajout d’antioxydants naturels, ou de formulation. Il joue un rôle crucial dans la validation de la stabilité des produits finis sur toute leur durée de vie.
Dans ce secteur, le Rancimat est souvent couplé à des techniques analytiques avancées comme la GC-FID pour le profil en acides gras, ou la spectrométrie pour la détection des produits d’oxydation secondaires.
En cosmétique : contrôler la stabilité des phases grasses
Dans la formulation cosmétique, la phase grasse (huiles végétales, esters synthétiques, beurres, cires) peut s’oxyder et altérer les propriétés du produit fini. Le rancissement peut entraîner une modification de la texture, une perte d’efficacité des actifs liposolubles, voire l’apparition d’odeurs désagréables.
Le test Rancimat permet aux formulateurs de sélectionner les matières premières les plus stables, de vérifier la compatibilité avec des agents antioxydants, et de valider la stabilité de leurs produits sous contrainte thermique. Il est également utile pour comparer la performance de différentes huiles (argan, jojoba, macadamia, tournesol, etc.) ou pour tester des matières innovantes issues de la chimie verte.
La stabilité oxydative est particulièrement critique dans les produits exposés à l’air et à la lumière, comme les huiles de soin, les baumes ou les crèmes en pot.
En nutrition animale et végétale : sécuriser les apports lipidiques
Dans le secteur de la nutrition animale, les huiles végétales et les graisses animales utilisées dans l’alimentation des animaux d’élevage doivent présenter une bonne stabilité oxydative pour éviter les altérations durant le transport ou le stockage. L’oxydation peut réduire la valeur énergétique des aliments, affecter la croissance des animaux et nuire à leur santé.
Le test Rancimat permet de contrôler la qualité des lots d’huiles, de prévenir les réclamations liées à des produits détériorés, et d’optimiser les formulations d’aliments enrichis. Il est également utilisé dans les produits pour animaux de compagnie, notamment pour les croquettes ou les huiles de complément.
Dans le domaine végétal, les extraits de graines oléagineuses ou les poudres enrichies en lipides sont aussi concernés. Le test Rancimat y est utilisé pour évaluer la stabilité des extraits botaniques lipidiques (par exemple les huiles essentielles, les extraits CO₂ supercritiques) et optimiser leur conservation.

Interprétation des résultats : comment lire le temps d’induction
Le temps d’induction : un marqueur de stabilité
Le temps d’induction, ou OSI (Oxidation Stability Index), est la durée mesurée entre le début de l’analyse et l’apparition brutale des produits secondaires d’oxydation. Il est exprimé en heures et constitue un indicateur direct de la résistance à l’oxydation de l’échantillon testé.
Plus ce temps est long, plus le produit est stable. À l’inverse, un temps d’induction court signifie que l’échantillon est rapidement oxydé sous l’effet de la chaleur et de l’air. Il ne faut pas confondre ce temps avec une durée de conservation réelle, mais il permet d’établir des comparaisons objectives entre plusieurs formulations ou lots.
Par exemple, une huile vierge de tournesol classique peut avoir un temps d’induction d’environ 5 à 7 heures, tandis qu’une huile de palme raffinée peut atteindre 15 à 20 heures, en fonction de sa qualité et de sa teneur en antioxydants.
Influence du profil en acides gras
La lecture du temps d’induction doit toujours être corrélée avec le profil en acides gras de l’échantillon. Une huile riche en acide linoléique (C18:2) ou en acide linolénique (C18:3) présentera naturellement une durée d’induction plus courte, sauf si elle contient des antioxydants puissants.
Ainsi, une huile de lin ou de poisson, très riche en oméga-3, peut afficher un temps d’induction de moins de 2 heures. En revanche, une huile d’olive vierge, riche en acide oléique (C18:1), offrira une stabilité moyenne (10 à 12 heures), tandis qu’une huile de coco ou de palme, majoritairement saturée, pourra dépasser 20 heures.
La connaissance de la composition lipidique permet donc de prédire en partie la stabilité oxydative, mais le test Rancimat reste indispensable pour la confirmer expérimentalement.
Exemples d’interprétation industrielle
Prenons le cas d’une étude comparative de margarines commerciales. Cinq échantillons (MB1 à MB5) sont analysés par Rancimat à 110 °C :
- MB1 présente un temps d’induction de 43,86 heures, soit une très haute stabilité. Ce résultat s’explique par une formulation riche en AGS et en antioxydants.
- MB2, plus riche en acides gras polyinsaturés, montre un temps d’induction de 16,17 heures.
- MB3, MB4 et MB5 affichent respectivement des valeurs de 15,16 h, 17,45 h et 23,49 h.
Ces résultats doivent être mis en perspective avec la norme ISO 6886, qui recommande des temps d’induction compris entre 6 et 24 heures pour des margarines standards. Au-delà de cette fourchette, le produit peut être considéré comme particulièrement stable. En dessous, une reformulation peut être nécessaire pour garantir une meilleure conservation.
Utilisation pour le développement et la conformité
Le test Rancimat est un outil précieux dans les phases de recherche et développement, car il permet d’optimiser une formulation en testant différentes matières grasses, dosages en antioxydants, ou procédés de fabrication. Il est aussi utilisé dans le contrôle qualité, pour s’assurer que les lots produits respectent les seuils de stabilité définis par le cahier des charges.
Dans certains cas, le temps d’induction peut être exigé dans le cadre de référentiels qualité ou de normes sectorielles, notamment pour les huiles à usage industriel ou les produits destinés à l’export.
Enfin, les résultats peuvent appuyer des allégations commerciales telles que “formulation stable” ou “riche en acides gras essentiels protégés”, à condition d’être validés par des données complémentaires.

Comparaison du test Rancimat avec d’autres indicateurs d’oxydation
Les indices classiques de l’oxydation des lipides
Plusieurs analyses chimiques permettent de suivre l’évolution de l’oxydation des graisses et des huiles. Les plus utilisées en laboratoire sont :
- L’indice de peroxyde (IP) : Il mesure la quantité de peroxydes formés en phase primaire d’oxydation. C’est un indicateur de l’initiation de l’oxydation lipidique. Plus sa valeur est élevée, plus le produit est en phase de dégradation.
- L’indice d’anisidine (IA) : Il quantifie les aldéhydes secondaires formés lors de la décomposition des peroxydes. Il reflète donc une oxydation déjà bien avancée.
- L’indice TotOx : Il est calculé selon la formule TotOx = (2 × IP) + IA. Ce paramètre global combine les deux étapes principales de l’oxydation (primaire et secondaire) et donne une image plus complète de l’état du produit.
Ces trois indicateurs sont souvent demandés dans les cahiers des charges des matières grasses alimentaires et permettent une évaluation statique de l’état d’oxydation au moment de l’analyse.
Les spécificités du test Rancimat
Contrairement aux méthodes chimiques classiques, le test Rancimat ne mesure pas directement la concentration de composés oxydés. Il simule au contraire le comportement dynamique de l’échantillon dans des conditions accélérées de température et d’oxygénation.
L’objectif n’est pas de dire si un produit est déjà oxydé, mais de prédire combien de temps il résistera à l’oxydation. C’est ce qui en fait un outil de choix pour les études de formulation, la sélection d’ingrédients, ou la validation de durée de vie.
Autre avantage : le Rancimat ne nécessite pas l’utilisation de solvants organiques ni de réactifs chimiques, ce qui simplifie sa mise en œuvre et réduit les risques pour l’opérateur. Il fournit également des résultats automatisés, interprétables immédiatement.
Complémentarité entre les méthodes
Le test Rancimat et les indices chimiques ne s’excluent pas, au contraire. Utilisés ensemble, ils offrent une lecture complète et multidimensionnelle de l’oxydation :
- Le Rancimat mesure la stabilité prédictive.
- L’indice de peroxyde évalue l’état initial de dégradation.
- L’indice d’anisidine mesure l’avancement de l’oxydation secondaire.
- L’indice TotOx donne une photo globale du niveau d’altération.
Cette complémentarité est particulièrement utile dans les industries exigeantes (alimentaire, infantile, nutraceutique, cosmétique), où il est impératif de valider la qualité à chaque étape du cycle de vie du produit.
Vers des approches analytiques intégrées
De plus en plus de laboratoires proposent des packs analytiques combinant plusieurs de ces méthodes, pour offrir aux industriels une vision globale et fiable de la stabilité de leurs produits lipidiques.
Dans le cadre de démarches qualité, de certification ou de dépôt d’allégations nutritionnelles, cette approche intégrée est recommandée. Elle permet de sécuriser la formulation, de prévenir les défauts, et de garantir une durée de vie conforme aux attentes du marché.
Avantages et limites de la méthode Rancimat
Les atouts de la méthode Rancimat
Le test Rancimat offre de nombreux avantages qui expliquent son adoption par un grand nombre de laboratoires et d’industriels dans le monde.
- Méthode rapide : Le temps d’analyse est généralement compris entre 2 et 20 heures, ce qui permet d’obtenir des résultats exploitables dans la même journée, sans attendre une oxydation naturelle longue à surveiller.
- Reproductibilité élevée : Grâce à un protocole normé (EN 14112) et une automatisation complète, les résultats sont fiables et comparables d’un laboratoire à un autre.
- Simplicité de mise en œuvre : L’analyse ne requiert pas de réactifs chimiques ni de préparation complexe, ce qui réduit les risques d’erreur et les coûts opérationnels.
- Analyse prédictive : Le test simule des conditions accélérées d’oxydation, permettant d’anticiper le comportement du produit dans le temps, sans attendre la fin réelle de sa durée de vie.
- Outil de comparaison : Le test est particulièrement efficace pour évaluer et comparer la stabilité de différentes formulations ou matières premières (huiles, margarines, extraits, etc.).
- Adaptabilité : Il peut être appliqué à des échantillons très variés, allant des huiles alimentaires aux matières grasses cosmétiques, en passant par les poudres enrichies ou les ingrédients nutraceutiques.
Ces atouts font du Rancimat une méthode de choix pour le développement produit, le contrôle qualité, et la validation d’allégations fonctionnelles ou nutritionnelles.
Les limites à prendre en compte
Malgré ses qualités, la méthode Rancimat présente certaines limites qui doivent être prises en considération pour éviter de mauvaises interprétations ou des résultats non représentatifs.
- Approche comparative et non absolue : Le test ne donne pas de seuil critique ou de durée de vie réelle en conditions normales. Il est conçu pour comparer des produits entre eux dans un cadre standardisé.
- Non adapté aux matrices volatiles ou très sèches : Certains produits ne peuvent pas être testés tels quels, notamment les poudres sèches, les matrices contenant peu de matière grasse, ou les extraits très volatils. Une extraction préalable peut alors être nécessaire.
- Influence forte de la préparation : Une mauvaise homogénéisation ou une extraction incomplète peut fausser les résultats. La qualité de l’échantillon et la rigueur de la préparation sont donc essentielles.
- Sensibilité au choix des paramètres : La température, le débit d’air et le volume d’échantillon doivent être parfaitement maîtrisés. Une variation de ces conditions modifie la cinétique d’oxydation.
- Méthode non spécifique : Le test ne permet pas d’identifier les composés formés durant l’oxydation. Il indique seulement la vitesse globale de dégradation.
Utiliser le Rancimat à bon escient
La méthode Rancimat doit être considérée comme un outil de screening rapide et normé, particulièrement utile dans un contexte de sélection ou de comparaison de matières premières. Elle est idéale pour tester l’effet d’un antioxydant, optimiser une formulation, ou évaluer la stabilité d’un produit face à l’oxydation.
Cependant, elle ne remplace pas une étude complète de la durée de vie ni les analyses complémentaires (indice de peroxyde, anisidine, GC-FID, analyse sensorielle, etc.) nécessaires dans des applications à haute exigence réglementaire.

Exemple d’application concrète : étude comparative de margarines
Objectif de l’étude
L’objectif de l’étude est de comparer la stabilité oxydative de cinq margarines commerciales (MB1 à MB5) à l’aide du test Rancimat, et de relier les temps d’induction obtenus à la composition lipidique de chaque échantillon. Ce type d’analyse est fréquent en recherche et développement ou en veille concurrentielle, afin d’identifier les formulations les plus stables ou d’optimiser un profil nutritionnel sans compromettre la conservation.
Résultats du test Rancimat
Les cinq échantillons sont soumis au test Rancimat à 110 °C selon la norme EN 14112. Les résultats montrent des temps d’induction variables selon les formulations :
- MB1 : 43,86 heures
- MB2 : 16,17 heures
- MB3 : 15,16 heures
- MB4 : 17,45 heures
- MB5 : 23,49 heures
Ces valeurs sont interprétées en comparaison avec la norme ISO 6886, qui fixe une plage de référence de 6 à 24 heures pour des margarines standards. Seule la margarine MB1 dépasse largement ce seuil, indiquant une formulation particulièrement stable à l’oxydation.
Analyse du lien avec la composition en acides gras
L’analyse par chromatographie en phase gazeuse (GC-FID) des cinq échantillons révèle des différences notables dans le profil en acides gras :
- MB1 est riche en acides gras saturés (AGS) avec une teneur élevée en acide palmitique (C16:0) et stéarique (C18:0). Ce profil favorise une haute stabilité oxydative, renforcée par l’ajout d’antioxydants.
- MB2 présente une proportion importante d’acides gras polyinsaturés (AGPI), en particulier de l’acide linoléique (C18:2), ce qui explique sa stabilité plus faible.
- MB5 se distingue par une composition équilibrée entre acides gras monoinsaturés (AGMI) et AGPI, avec une richesse en acide oléique (C18:1) et linolénique (C18:3). Elle obtient un bon temps d’induction, tout en offrant un profil nutritionnel favorable.
Le rapport AGPI/AGS est un indicateur clé pour évaluer la stabilité oxydative. Un ratio élevé traduit une sensibilité accrue à l’oxydation. Dans cette étude, MB1 affiche un ratio de 0,24, tandis que MB2 atteint 0,64, confirmant la relation inverse entre insaturation lipidique et stabilité.
Utilité des résultats pour la formulation
Les résultats du test Rancimat permettent de :
- Identifier la margarine la plus stable (MB1), utile pour des produits longue conservation ou sans réfrigération.
- Ajuster les profils en acides gras pour améliorer la durée de vie sans sacrifier les bénéfices nutritionnels.
- Valider l’efficacité des antioxydants ajoutés dans certaines formulations.
- Segmenter les produits en fonction de leur usage : cuisson, tartinable, enrichi en oméga-3, etc.
Le test Rancimat chez YesWeLab
Une expertise sectorielle reconnue
YesWeLab est une société spécialisée dans les prestations d’analyses de laboratoire pour les secteurs agroalimentaire, nutraceutique, cosmétique, environnemental et de la santé animale. Grâce à un réseau de plus de 200 laboratoires, la majorité accrédités ISO 17025 et/ou COFRAC, YesWeLab garantit la fiabilité et la conformité des résultats, notamment pour les méthodes normalisées comme le test Rancimat.
Les laboratoires partenaires de YesWeLab maîtrisent la méthode Rancimat selon la norme EN 14112, avec une application rigoureuse des paramètres techniques (température, débit d’air, volume d’échantillon, nature du flaconnage, etc.). Cette maîtrise permet d’obtenir des temps d’induction reproductibles, comparables entre produits, et exploitables dans le cadre du développement, du contrôle qualité ou de la validation réglementaire.
Une solution pensée pour les industriels
YesWeLab propose une plateforme digitale tout-en-un permettant de centraliser l’ensemble du processus analytique :
- Recherche et sélection de la prestation via un catalogue de plus de 10 000 analyses référencées.
- Commande en ligne avec description de l’échantillon, choix de la méthode, conditions spécifiques.
- Expédition facilitée des échantillons avec instructions précises et traçabilité logistique.
- Suivi en temps réel de l’analyse : réception, mise en test, rapport en ligne.
- Accès sécurisé aux résultats et archivage des rapports pour une gestion documentaire conforme.
Cette approche permet aux industriels de gagner du temps, d’éviter les échanges épars par e-mail, et de structurer leurs projets analytiques de manière professionnelle et sécurisée.
Une capacité d’adaptation aux besoins spécifiques
Chaque demande d’analyse via YesWeLab peut être adaptée en fonction des spécificités du produit ou du cahier des charges du client :
- Choix de la température d’analyse si une dérogation à la norme est justifiée.
- Possibilité d’associer le test Rancimat à des analyses complémentaires (indice de peroxyde, profil en acides gras, dosage des antioxydants par HPLC, etc.).
- Accompagnement par un expert technique pour la compréhension des résultats, l’interprétation ou les recommandations de formulation.
- Prise en charge de matrices complexes nécessitant une extraction préalable ou un traitement spécifique (cosmétiques, poudres, extraits botaniques, etc.).
Cette flexibilité est particulièrement appréciée par les responsables R&D, qualité ou réglementaire qui recherchent des partenaires capables de s’adapter à leurs contraintes techniques et réglementaires.
Une traçabilité complète et une exigence de qualité
Les laboratoires partenaires de YesWeLab appliquent des procédures strictes pour garantir l’intégrité des résultats. Chaque étape, de la réception de l’échantillon à l’émission du rapport, est documentée et tracée. Les équipements utilisés pour le test Rancimat sont régulièrement étalonnés et contrôlés, conformément aux exigences de la norme ISO 17025.
L’ensemble du processus est supervisé par l’équipe scientifique de YesWeLab, qui assure le lien entre les industriels et les laboratoires, et veille à ce que les prestations soient réalisées dans les règles de l’art.