L’amitraze est un pesticide largement utilisé pour ses propriétés antiparasitaires, notamment dans les secteurs de la santé animale, de l’agriculture et de l’apiculture. Appartenant à la famille des formamidines, cette molécule chimique joue un rôle essentiel dans la lutte contre divers parasites, mais elle soulève également des questions importantes en matière de sécurité et d’impact environnemental. Cette première partie explore en détail ses caractéristiques chimiques et physico-chimiques, ainsi que les bases de son fonctionnement. Découvrez nos analyses de pesticides en laboratoire pour le contrôle des résidus d’amitraze.
1. Définition et structure chimique
L’amitraze, dont le nom chimique est N’-(2,4-diméthylphényl)-N-[(2,4-diméthylphényl)iminométhyl]-N-méthylméthanimidamide, est une substance active utilisée comme insecticide et acaricide. Sa formule moléculaire est C₁₉H₂₃N₃, et sa masse molaire est de 293,4 g/mol. Il se présente sous forme de cristaux incolores, insolubles dans l’eau, mais solubles dans des solvants organiques comme le méthanol ou l’acétonitrile.
Propriétés physico-chimiques
L’amitraze possède des caractéristiques physico-chimiques spécifiques qui influencent son comportement dans les environnements biologiques et naturels. Sa température de fusion est d’environ 86 °C, et sa pression de vapeur saturante à 20 °C est extrêmement basse, ce qui limite son évaporation dans l’air ambiant. Par ailleurs, son coefficient de partage octanol-eau (log Kow) est de 6,49, indiquant une forte lipophilie. Cela explique sa capacité à s’accumuler dans les tissus lipidiques des organismes vivants.
En termes de stabilité, l’amitraze est sensible à l’hydrolyse, notamment à pH neutre, où il se dégrade rapidement. Sa demi-vie dans le sol est relativement courte, autour de deux jours, ce qui limite sa persistance environnementale mais nécessite des applications fréquentes dans certains contextes.
Famille chimique et mode d’action
L’amitraze appartient à la famille des formamidines, des composés organiques connus pour leur efficacité contre les parasites externes. Son mode d’action repose sur une interaction avec les récepteurs de l’octopamine, un neurotransmetteur spécifique aux arthropodes. Cette interaction perturbe le système nerveux des parasites, entraînant leur paralysie puis leur mort. Cette spécificité en fait un outil efficace pour cibler les acariens et certains insectes sans affecter directement les mammifères.
Importance scientifique et utilisation
L’amitraze est largement utilisé dans des formulations commerciales adaptées à divers besoins, allant des colliers antiparasitaires pour animaux domestiques aux produits appliqués sur les cultures agricoles. Sa capacité à agir rapidement contre des parasites tenaces comme les tiques et les varroas en fait une solution privilégiée dans de nombreux contextes.

2. Applications en santé animale
L’amitraze est particulièrement apprécié dans le domaine vétérinaire pour sa capacité à éliminer efficacement les parasites externes. Il est couramment utilisé pour traiter les infestations de tiques, de mites et d’autres parasites sur les animaux à sang chaud, comme les chiens, les chevaux et parfois les bovins. Les produits vétérinaires contenant de l’amitraze sont souvent commercialisés sous forme de colliers antiparasitaires, de shampoings ou de solutions pour application topique.
Par exemple, les colliers pour chiens imprégnés d’amitraze offrent une protection durable contre les tiques et les mites, réduisant ainsi le risque de transmission de maladies comme la babésiose ou la maladie de Lyme. Toutefois, une utilisation correcte est essentielle pour éviter les surdosages, qui peuvent entraîner des effets secondaires tels que la somnolence ou la bradycardie.
Utilisation en apiculture
L’une des applications les plus connues de l’amitraze est la lutte contre le varroa destructor, un acarien qui menace gravement les colonies d’abeilles. L’amitraze est utilisé dans les ruches sous forme de bandes imprégnées (Apivar® ou Apitraz®), qui libèrent progressivement la substance active pour éliminer les varroas.
Cependant, cette utilisation soulève des préoccupations, car des résidus d’amitraze peuvent être retrouvés dans le miel, la cire et d’autres produits de la ruche. Bien que ces niveaux soient généralement faibles et conformes aux réglementations, il est crucial de respecter les délais avant récolte pour minimiser les risques de contamination.
Utilisation agricole
Dans l’agriculture, l’amitraze est appliqué pour lutter contre divers insectes nuisibles sur des cultures spécifiques. Bien que son usage soit moins fréquent en raison de restrictions réglementaires dans certains pays, il reste autorisé dans d’autres pour des applications ciblées. Par exemple, il peut être utilisé sur des arbres fruitiers pour contrôler les acariens ou sur des plantes ornementales contre les insectes suceurs dans le cadre d’analyses agroalimentaires réglementées.
La gestion de l’amitraze en agriculture nécessite une attention particulière, car son effet sur les écosystèmes environnants, notamment les cours d’eau et les sols, peut être significatif en cas de mauvaise utilisation. Nos analyses environnementales des sols et eaux permettent de surveiller ces impacts.
Risques associés et précautions
Bien que l’amitraze soit efficace dans de nombreuses applications, son utilisation doit être strictement contrôlée. Chez les animaux, un dosage incorrect peut entraîner des effets toxiques, tandis qu’en apiculture, une application excessive peut compromettre la qualité des produits de la ruche. Dans le domaine agricole, un usage non conforme peut provoquer une pollution environnementale et affecter les organismes non ciblés.

3. Réglementation en Europe et dans le monde
En Europe, l’amitraze a été retiré de l’annexe I de la directive 91/414/CEE en raison de préoccupations liées à sa sécurité environnementale. Cependant, il reste autorisé dans certaines formulations vétérinaires, notamment pour les chiens et les abeilles. Les produits comme Apivar® et Apitraz® sont des exemples d’applications encore approuvées pour le contrôle des parasites en apiculture. En revanche, son usage agricole est interdit dans de nombreux pays européens pour éviter les risques de contamination environnementale et alimentaire.
Dans d’autres régions du monde, comme en Amérique du Nord et en Asie, l’amitraze est encore largement utilisé, bien que des réglementations spécifiques encadrent son application. Par exemple, aux États-Unis, il est autorisé sous certaines conditions, mais son utilisation est surveillée de près par l’Agence de protection de l’environnement (EPA).
Produits autorisés et restrictions
En France, huit produits vétérinaires contenant de l’amitraze ont obtenu une autorisation de mise sur le marché (AMM). Ces produits sont principalement destinés aux traitements antiparasitaires chez les animaux de compagnie et les abeilles. Cependant, aucune autorisation n’a été accordée pour son utilisation dans des préparations biocides ou dans les filières avicoles et porcines, où le risque de contamination alimentaire est jugé trop élevé.
Dans l’apiculture, les bandes imprégnées d’amitraze sont autorisées à condition que les délais avant récolte soient scrupuleusement respectés. Ces délais garantissent que les résidus dans le miel et la cire restent en dessous des limites maximales de résidus (LMR) fixées par les autorités sanitaires.
Toxicité et dose journalière admissible
L’amitraze est classé comme un produit neurotoxique qui agit en se fixant sur les récepteurs α2-adrénergiques. Cela peut entraîner des effets indésirables chez l’homme, tels que la dépression respiratoire, une hypotension, une bradycardie et une hypothermie. La dose journalière admissible (DJA) est fixée à 0,003 mg par kilogramme de poids corporel, soulignant la nécessité d’une utilisation prudente et conforme aux doses prescrites.
Pour les animaux, les doses thérapeutiques doivent être respectées pour éviter les intoxications aiguës, qui peuvent se traduire par des vomissements, une léthargie ou des troubles nerveux. Des cas d’intoxications humaines accidentelles, notamment par ingestion ou contact cutané, ont également été documentés, en particulier dans les pays en développement où la sensibilisation aux précautions d’usage est parfois insuffisante.
Précautions à prendre lors de l’utilisation
Pour minimiser les risques, les utilisateurs doivent porter un équipement de protection individuelle (EPI), tel que des gants et des lunettes de sécurité, lorsqu’ils manipulent des produits contenant de l’amitraze. Les zones d’application doivent être bien ventilées, et les excès de produit doivent être éliminés conformément aux réglementations locales sur les déchets dangereux.
En apiculture, il est recommandé de surveiller régulièrement les colonies pour évaluer l’efficacité du traitement et d’éviter une surutilisation, qui pourrait conduire au développement de résistances chez les varroas. Dans l’agriculture, des méthodes alternatives et des stratégies de lutte intégrée devraient être privilégiées pour limiter la dépendance à ce produit.
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4. Mécanismes biologiques de résistance
La résistance à l’amitraze chez les parasites s’explique principalement par des mutations génétiques et des adaptations enzymatiques. Les mutations affectent les récepteurs de l’octopamine, réduisant leur sensibilité à la molécule active. Chez les varroas, par exemple, ces mutations altèrent les sites d’action ciblés par l’amitraze, rendant le traitement moins efficace.
Études récentes sur la résistance
Plusieurs études menées ces dernières années ont documenté l’augmentation des cas de résistance à l’amitraze. En apiculture, les suivis d’efficacité de traitements comme Apivar® ont révélé que dans certaines régions, les colonies traitées présentaient une mortalité insuffisante des varroas. Une étude réalisée en France en 2018 a montré que près de 70 % des populations de varroas testées dans certaines régions étaient modérément à fortement résistantes à l’amitraze.
Dans le domaine vétérinaire, des cas de résistance ont également été observés chez les tiques. Ces parasites, exposés à des doses répétées d’amitraze, survivent plus longtemps, compromettant ainsi l’efficacité des traitements chez les animaux domestiques.
Conséquences de la résistance
La résistance à l’amitraze a des implications importantes pour la gestion des parasites. En apiculture, une résistance accrue peut entraîner une augmentation des infestations de varroas, mettant en péril la santé des colonies et réduisant les rendements en miel. Dans le secteur vétérinaire, la résistance peut compliquer le contrôle des parasites, augmentant ainsi les risques de transmission de maladies.
De plus, l’apparition de résistances pousse souvent à une utilisation accrue du pesticide, ce qui aggrave encore les problèmes environnementaux et de résidus dans les produits alimentaires.
Solutions et stratégies de lutte intégrée
Pour contrer le développement de résistances, plusieurs solutions peuvent être mises en œuvre. L’alternance de molécules actives est l’une des stratégies les plus efficaces. En apiculture, par exemple, l’utilisation d’autres acaricides ou de traitements biologiques en rotation avec l’amitraze peut réduire la pression de sélection.
La mise en place de stratégies de lutte intégrée (Integrated Pest Management – IPM) est également essentielle. Ces stratégies combinent des pratiques biologiques, chimiques et mécaniques pour contrôler les populations de parasites tout en minimisant l’usage de pesticides. Par exemple, dans l’apiculture, le piégeage des varroas à l’aide de cadres de couvain peut être utilisé en complément des traitements chimiques.

5. Techniques analytiques courantes
Les méthodes d’analyse de l’amitraze se concentrent sur sa détection et celle de ses métabolites dans des matrices complexes. Deux techniques majeures sont couramment utilisées :
- LC-MS/MS (chromatographie liquide couplée à la spectrométrie de masse en tandem) : Cette méthode est particulièrement efficace pour détecter des concentrations infimes d’amitraze dans des matrices complexes comme le miel, les fruits et les légumes. Elle repose sur une séparation chromatographique suivie d’une identification précise grâce à la spectrométrie de masse.
- GC-MS (chromatographie en phase gazeuse couplée à la spectrométrie de masse) : Adaptée aux composés volatils et semi-volatils, cette technique est utilisée pour analyser l’amitraze dans des échantillons où il peut se dégrader en composés volatils.
Ces techniques permettent des limites de détection très basses, souvent inférieures à 0,1 mg/L, ce qui est essentiel pour répondre aux exigences réglementaires strictes.
Processus de préparation des échantillons
La préparation des échantillons est une étape cruciale pour garantir la fiabilité des analyses. Voici les principales étapes suivies en laboratoire :
- Extraction : L’amitraze et ses métabolites sont extraits des matrices solides ou liquides à l’aide de solvants organiques tels que l’acétonitrile ou le méthanol.
- Nettoyage : Une étape de purification est réalisée pour éliminer les interférences, notamment par des techniques de solid-phase extraction (SPE).
- Concentration : Les extraits sont concentrés pour permettre une meilleure détection des analytes.
- Injection : Les échantillons purifiés sont injectés dans le système chromatographique pour l’analyse.
Ces étapes garantissent une précision optimale dans la détection des résidus d’amitraze.
Exemples concrets d’utilisation
- Analyse du miel : L’amitraze est souvent recherché dans le miel pour s’assurer que les résidus respectent les limites maximales autorisées. Ces analyses garantissent la sécurité des consommateurs et permettent de détecter des traitements inappropriés ou des résidus persistants.
- Quantification dans les fruits et légumes : Dans les produits agricoles, l’analyse de l’amitraze est essentielle pour vérifier la conformité aux normes de résidus de pesticides. Elle s’inscrit dans nos services d’analyse des contaminants chimiques dans les produits agricoles, apicoles et vétérinaires. Par exemple, les laboratoires contrôlent régulièrement les agrumes et les légumes pour détecter des traces de cette molécule dans le cadre de nos analyses de résidus de pesticides sur les plantes..
- Surveillance de la cire d’abeilles : La cire peut accumuler des résidus d’amitraze à la suite de traitements dans les ruches. Ces analyses sont cruciales pour éviter une contamination croisée lors de la production de nouveaux produits apicoles.
Importance de la validation des méthodes
Les méthodes analytiques utilisées pour l’amitraze doivent être validées conformément aux normes internationales, telles que celles définies par l’ISO 17025. Cela inclut l’évaluation de la limite de détection (LOD), de la limite de quantification (LOQ), de la précision et de l’exactitude. La validation garantit que les résultats sont fiables et reproductibles, même pour des matrices complexes.
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