L’acide shikimique est une molécule naturelle d’une importance cruciale pour de nombreuses biosynthèses végétales et microbiennes. Il est au cœur de la production de divers composés biochimiques, dont certains sont essentiels pour la production industrielle de médicaments tels que le Tamiflu. Cet article vous propose une exploration complète de l’acide shikimique, de sa biosynthèse à ses applications industrielles comme les cosmétiques.
1. Qu’est-ce que l’acide shikimique ? (CAS : 138-59-0)
L’acide shikimique est une molécule organique naturelle, plus précisément un monoacide polyhydroxylé. Il a été isolé pour la première fois à partir de la fleur japonaise shikimi par Johann Frederik Eijkmann en 1885. Cette découverte est à l’origine du nom de la molécule. On trouve l’acide shikimique dans divers organismes autotrophes, notamment dans l’anis étoilé et la badiane japonaise, bien que le rendement d’isolation soit relativement faible.
Sur le plan chimique, l’acide shikimique est un élément essentiel dans la biosynthèse des acides aminés aromatiques, tels que la phénylalanine, la tyrosine et le tryptophane. Ces acides aminés jouent un rôle fondamental dans divers processus métaboliques et sont des précurseurs de nombreux métabolites importants comme les tanins, la lignine et l’acide salicylique.
2. Le rôle de l’acide shikimique dans la biosynthèse
2.1. Voie métabolique du shikimate
La voie du shikimate est un processus biochimique complexe qui permet la synthèse des acides aminés aromatiques et d’autres composés bioactifs chez les plantes et les micro-organismes. Ce chemin métabolique commence par la réaction entre le phosphoénolpyruvate et l’érythrose-4-phosphate, conduisant à la formation de divers intermédiaires, dont le 3-déshydroshikimate et le shikimate lui-même.
Le shikimate est ensuite phosphorylé pour produire le 3-phosphoshikimate, qui entre dans la synthèse de l’acide chorismique. Ce dernier est un intermédiaire clé dans la formation des acides aminés aromatiques comme la tyrosine et la phénylalanine. Cette voie est absente chez les animaux, ce qui explique son importance dans les micro-organismes et les plantes.
2.2. Métabolites dérivés de l’acide shikimique
L’acide shikimique est aussi le précurseur de nombreux métabolites secondaires importants. Parmi eux, on retrouve des composés phénoliques comme l’acide gallique, le resvératrol, les tanins et l’acide salicylique. Ces molécules jouent des rôles essentiels dans la défense des plantes contre les prédateurs et les maladies, ainsi que dans les processus de croissance et de développement.
De plus, l’acide shikimique participe à la biosynthèse de la lignine, un composant majeur des parois cellulaires des plantes, qui confère rigidité et protection aux tissus végétaux.

3. Utilisation de l'acide shikimique dans l'industrie pharmaceutique
3.1. L’acide shikimique et la production d’oseltamivir (Tamiflu)
L’une des applications les plus connues de l’acide shikimique est dans la fabrication de l’oseltamivir, commercialisé sous le nom de Tamiflu. Ce médicament est utilisé comme traitement antiviral pour les infections grippales. L’acide shikimique est extrait principalement de l’anis étoilé, un processus qui a joué un rôle clé dans la réponse mondiale aux épidémies de grippe, notamment lors de la pandémie de grippe H1N1.
L’extraction de l’acide shikimique à partir de sources naturelles, comme l’anis étoilé, reste complexe et coûteuse. C’est pourquoi des recherches sont en cours pour produire cette molécule via des méthodes biotechnologiques, comme l’utilisation d’Escherichia coli génétiquement modifiés, pour augmenter le rendement et réduire les coûts.
3.2. Applications dans d'autres domaines de la santé
Outre son rôle dans la production d’antiviraux, l’acide shikimique présente des propriétés antioxydantes et anti-inflammatoires. Ces caractéristiques en font un candidat prometteur pour le développement de nouveaux médicaments, notamment dans la prévention des maladies liées au vieillissement et au stress oxydatif.
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4. Analyse et dosage de l'acide shikimique en laboratoire
4.1. Techniques d’analyse utilisées
Dans l’industrie et les laboratoires de recherche, l’analyse et le dosage de l’acide shikimique sont généralement réalisés via des techniques chromatographiques comme la HPLC (Chromatographie en Phase Liquide Haute Performance) couplée à la détection UV. Cette méthode permet d’identifier et de quantifier avec précision l’acide shikimique dans diverses matrices telles que les extraits de plantes, les produits alimentaires et les cosmétiques.
4.2. Processus de laboratoire pour le dosage de l'acide shikimique
L’analyse en laboratoire suit des protocoles stricts pour garantir la fiabilité des résultats. Le processus commence par la collecte des échantillons, qui sont stockés dans des flacons hermétiques afin d’éviter toute contamination. Les échantillons sont ensuite extraits et analysés par HPLC-UV, une méthode reconnue pour sa sensibilité et sa précision dans la détection des composés organiques.
4.3. Importance de l’analyse en fonction des matrices
L’acide shikimique est analysé dans diverses matrices en fonction de l’application, qu’il s’agisse de compléments alimentaires, de cosmétiques ou de produits pharmaceutiques. Chaque matrice exige des ajustements dans le processus d’analyse pour garantir une quantification précise et conforme aux normes sanitaires.

5. Les propriétés et bienfaits de l’acide shikimique
5.1. Propriétés chimiques de l’acide shikimique
L’acide shikimique est un acide carboxylique cyclohexénique, doté de trois groupes hydroxyles. Il est essentiel dans la formation de nombreux composés aromatiques, contribuant à l’aromagenèse dans les plantes. De plus, sa capacité à former des métabolites secondaires complexes lui confère un rôle clé dans le métabolisme des plantes.
5.2. Bienfaits de l’acide shikimique pour la santé
L’acide shikimique possède des propriétés antioxydantes et anti-inflammatoires, ce qui en fait un ingrédient intéressant pour les compléments alimentaires et les produits de soin. Il est également étudié pour ses potentiels effets antiviraux, en dehors de son utilisation dans le Tamiflu.
6. Précautions et toxicité de l’acide shikimique
6.1. Toxicité et effets secondaires
Malgré ses nombreuses utilisations bénéfiques, l’acide shikimique peut avoir des effets toxiques à des concentrations élevées. Bien qu’il soit généralement sûr lorsqu’il est utilisé dans des produits pharmaceutiques et cosmétiques à des doses contrôlées, des précautions doivent être prises pour éviter une surexposition.
6.2. Limites d'utilisation dans les produits alimentaires et cosmétiques
L’utilisation de l’acide shikimique dans les produits alimentaires et cosmétiques est strictement encadrée par des réglementations internationales. Par exemple, dans l’Union Européenne, des limites de concentration sont imposées pour garantir la sécurité des consommateurs.
7. Applications industrielles et autres usages de l’acide shikimique
7.1. Utilisations dans l’industrie agrochimique et cosmétique
L’acide shikimique est utilisé comme ingrédient dans les produits cosmétiques pour ses propriétés antioxydantes. Il est également utilisé dans l’industrie agrochimique pour la formulation de certains produits phytosanitaires.
7.2. Son utilisation comme cible d’herbicides
Le glyphosate, un herbicide largement utilisé, inhibe la voie du shikimate chez les plantes, les empêchant de produire les acides aminés aromatiques essentiels à leur croissance. Cette action en fait un herbicide efficace, bien que controversé en raison de ses effets environnementaux.
Conclusion
L’acide shikimique joue un rôle crucial dans de nombreux processus biologiques et industriels. De sa fonction clé dans la biosynthèse des acides aminés aromatiques à ses applications dans la fabrication d’antiviraux comme le Tamiflu, cette molécule naturelle continue de démontrer son importance dans divers secteurs.