Comprendre le test OCDE 101 : un outil clé pour l’analyse spectrale des substances chimiques

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Effet de lumière visible illustrant les principes de l’essai OCDE 101 sur les spectres UV-VIS

Le test OCDE 101, ou “Spectres d’absorption UV-VIS”, est une méthode normalisée permettant de mesurer l’absorption de la lumière par une substance dans les domaines ultraviolet et visible. Ce test fournit des données essentielles sur les longueurs d’onde auxquelles une substance est susceptible de réagir à la lumière, notamment par photodégradation. Intégré dans les lignes directrices OCDE, il fait partie des outils réglementaires reconnus à l’échelle internationale pour l’évaluation du comportement photochimique des produits chimiques. Utilisé dans le cadre des enregistrements REACH, des dossiers de sécurité cosmétique ou pharmaceutique, il représente un préalable important à d’autres tests de phototoxicité comme l’essai OCDE 432.

Table des matières

Définition du test OCDE 101 : spectres d’absorption UV-VIS

Objectif principal : prédire la photodégradation des substances

Le test OCDE 101 a pour objectif d’identifier les longueurs d’onde auxquelles une substance chimique absorbe la lumière dans le domaine UV-VIS, c’est-à-dire de 200 à 800 nanomètres. Cette information est cruciale pour évaluer la photostabilité d’une molécule et prédire sa dégradation photochimique potentielle lorsqu’elle est exposée à la lumière naturelle ou artificielle. Par exemple, une substance absorbant fortement à 290 nm (zone des UVB) est considérée comme photosensible, ce qui peut nécessiter des précautions supplémentaires dans son stockage, son transport ou son utilisation.

La spectroscopie UV-VIS permet ainsi de caractériser la manière dont une molécule interagit avec les photons et de déterminer si elle risque de subir une rupture de liaison, une oxydation ou d’autres transformations liées à l’énergie lumineuse. Cela a un impact direct sur la sécurité des produits, qu’ils soient destinés à un usage humain, environnemental ou industriel.

Domaine d’application du test OCDE 101

L’essai OCDE 101 est applicable à un large éventail de substances chimiques pures ou en formulation. Il est couramment utilisé dans le cadre :

  • des enregistrements REACH (règlement européen n° 1907/2006), notamment pour les substances produites ou importées à plus d’1 tonne par an ;
  • des évaluations de sécurité des principes actifs dans les médicaments, cosmétiques, produits phytosanitaires ou biocides ;
  • de la caractérisation physico-chimique des ingrédients dans les produits industriels ;
  • de l’évaluation des risques environnementaux, en lien avec la stabilité des composés dans l’air, l’eau ou les sols.

Le test est souvent requis dans les dossiers IUCLID, utilisés pour les soumissions réglementaires en Europe, et peut être réalisé en conditions BPL (bonnes pratiques de laboratoire) pour assurer une conformité aux exigences qualité des autorités.

Intérêt scientifique et analytique

Au-delà de son importance réglementaire, le test OCDE 101 constitue une source précieuse d’informations scientifiques. L’absorption UV-VIS est directement liée aux structures électroniques des molécules. Les électrons situés dans des orbitales π ou non liantes (n) peuvent être excités vers des orbitales anti-liantes (π*) sous l’effet de la lumière. Ces transitions électroniques sont caractéristiques de certaines fonctions chimiques :

  • Les doubles liaisons conjuguées (comme dans les composés aromatiques) absorbent souvent dans l’UV ou le visible ;
  • Les groupements carbonyles, nitro, azo, amines ou halogénés présentent également des spectres distinctifs.

En analysant le spectre d’absorption, on peut donc déduire certaines propriétés structurales, identifier des groupes chromophores, voire évaluer la pureté ou la stabilité d’un échantillon. Dans le cadre de tests comparatifs (avant/après irradiation, variation de pH…), cette méthode permet aussi de suivre des transformations photochimiques.

Le test OCDE 101 est enfin un outil fondamental pour sélectionner des tests complémentaires : lorsqu’une absorption significative est détectée dans la zone 290–700 nm, il est souvent nécessaire de procéder à des essais supplémentaires, comme l’OCDE 432 (phototoxicité in vitro 3T3 NRU), pour évaluer les effets biologiques potentiels de cette absorption.

Conditions expérimentales normalisées du test OCDE 101

L’essai OCDE 101 repose sur une méthode rigoureusement standardisée afin d’assurer la reproductibilité et la comparabilité des résultats d’un laboratoire à un autre. Les conditions expérimentales à respecter incluent :

  • Température de mesure : 25 °C ± 1 °C.
  • Type d’équipement : un spectrophotomètre UV-VIS à double faisceau, permettant de comparer en temps réel l’absorption entre la cuve témoin (blanc) et la cuve contenant la substance testée.
  • Blanc : solution contenant le solvant utilisé, sans la substance d’intérêt (permet d’éliminer les interférences dues au solvant).
  • Concentration de la solution d’essai : ajustée pour obtenir au moins un maximum d’absorbance compris entre 0,5 et 1,5 unités, ce qui garantit une lecture fiable sans saturation du détecteur.

Dans la plupart des cas, plusieurs solvants sont utilisés afin d’évaluer le comportement de la substance dans différents milieux physico-chimiques :

  • Milieu acide (pH < 2) : souvent 0,1 N HCl.
  • Milieu basique (pH ≥ 10) : souvent 0,1 N NaOH.
  • Milieu neutre (pH ≈ 7).
  • Solvant organique : généralement méthanol, recommandé par les lignes directrices ICH S10 pour les substances pharmaceutiques.

Ces variations permettent d’identifier d’éventuelles formes ionisées ou tautomères de la molécule, qui peuvent présenter des spectres d’absorption différents. Le test vise également à déterminer le coefficient d’extinction molaire (ε), un paramètre quantitatif fondamental pour caractériser la force d’absorption d’une substance à une longueur d’onde donnée.

Complémentarité avec d’autres tests OCDE

Le test OCDE 101 s’intègre dans une stratégie globale d’évaluation des risques. Lorsqu’une substance montre une absorption significative dans la zone UV-VIS (notamment entre 290 et 700 nm), cela peut déclencher la nécessité d’études additionnelles :

  • OCDE 432 : test de phototoxicité in vitro 3T3 NRU, évaluant la cytotoxicité photo-induite sur cellules de fibroblastes de souris.
  • OCDE 495 : ROS assay, testant la production d’oxygène réactif sous l’effet de la lumière (photoactivité).
  • OCDE 498 : essai de phototoxicité sur épiderme humain reconstitué.

Cette approche par étapes permet de minimiser l’utilisation animale en commençant par des méthodes in vitro et in chemico.

Réalisation en laboratoire accrédité

Pour que les résultats soient recevables dans un cadre réglementaire (dossier REACH, enregistrement biocide, demande de mise sur le marché cosmétique ou pharmaceutique), le test OCDE 101 doit être réalisé dans un laboratoire accrédité selon la norme ISO 17025, de préférence sous le régime des Bonnes Pratiques de Laboratoire (BPL).

Cela garantit notamment :

  • La traçabilité complète des étapes de test ;
  • L’assurance qualité des mesures ;
  • L’archivage réglementaire des données brutes et des rapports ;
  • La conformité aux formats d’export (notamment IUCLID).

YesWeLab facilite l’accès à ce type d’analyses en mobilisant un réseau de plus de 200 laboratoires partenaires accrédités, en France et en Europe. Grâce à sa plateforme, les industriels peuvent commander un test OCDE 101 et suivre chaque étape du processus, de la logistique échantillon à la récupération des résultats validés.

ocde 101 dépistage phototoxicité huiles cosmétiques

Applications scientifiques et industrielles du test OCDE 101

Le test OCDE 101 n’est pas qu’une simple analyse spectrophotométrique : il constitue une étape clé dans l’évaluation du profil photoréactif d’un composé. En identifiant les longueurs d’onde d’absorption significative, les industriels peuvent anticiper les risques de dégradation, de phototoxicité ou de transformation de la molécule en sous-produits potentiellement nocifs. Cette seconde partie de l’article examine les principaux domaines d’application du test OCDE 101, ainsi que ses usages réglementaires et techniques en laboratoire.

Sécurité des substances chimiques vis-à-vis de la lumière

La première fonction du test OCDE 101 est d’évaluer la susceptibilité d’un produit chimique à la photodégradation. Une molécule absorbant dans le spectre UV (100–400 nm) ou visible (400–700 nm) est potentiellement instable lorsqu’elle est exposée à la lumière. Cela peut entraîner :

  • La perte d’efficacité du produit (dans le cas d’un actif cosmétique ou pharmaceutique sensible à la lumière) ;
  • La formation de sous-produits de dégradation, parfois plus toxiques que la molécule initiale ;
  • Une instabilité dans les formulations commerciales (décoloration, précipitation, séparation de phases…).

Le test OCDE 101 permet de repérer ces risques dès la phase de R&D et de formulation, en amont de la mise sur le marché.

Dossier REACH et évaluation des dangers

Dans le cadre du règlement européen REACH (CE n° 1907/2006), les fabricants et importateurs de substances chimiques doivent fournir des données sur le profil physico-chimique de leurs produits. Le spectre UV-VIS fait partie de ces données attendues dès les tonnages faibles (≥ 1 tonne/an).

L’essai OCDE 101 est ainsi exigé dans les dossiers :

  • Pour évaluer la stabilité d’une substance face à la lumière naturelle ou artificielle ;
  • Pour déterminer la pertinence de tests complémentaires comme la phototransformation dans l’eau (OCDE 316) ou la phototoxicité (OCDE 432) ;
  • Pour justifier l’absence de photoactivité, si aucune absorption n’est détectée au-dessus de 290 nm.

Les données obtenues sont intégrées au format IUCLID, standard de soumission des dossiers réglementaires européens.

Photostabilité des substances pharmaceutiques (ICH S10)

Dans le domaine pharmaceutique, la photostabilité des principes actifs est une exigence réglementaire majeure. Les lignes directrices ICH S10 (International Council for Harmonisation) recommandent le test UV-VIS comme première étape pour évaluer la sensibilité d’un actif à la lumière.

Les laboratoires utilisent alors le test OCDE 101 pour :

  • Vérifier que l’ingrédient actif n’absorbe pas dans la zone à risque de 290 à 700 nm ;
  • Définir les conditions de photostabilité forcée à mettre en place (exposition à la lumière artificielle) ;
  • Valider les emballages opaques ou les conditions de stockage (protection contre les UV).

Un résultat d’absorbance significatif déclenche généralement une série de tests supplémentaires (profil de dégradation, identification des produits formés…).

Phototoxicité des produits cosmétiques

Dans les cosmétiques, la phototoxicité est une problématique centrale dès qu’une molécule active est susceptible d’absorber la lumière. L’absorption UV-VIS peut provoquer des effets indésirables sur la peau tels que rougeurs, irritations ou réactions de photosensibilisation.

Le test OCDE 101 intervient ici en tant qu’outil de dépistage précoce, notamment pour les :

  • Filtres solaires (ex. oxybenzone, avobenzone) ;
  • Huiles essentielles ou extraits végétaux ;
  • Composés aromatiques ou colorants.

Un spectre d’absorption dans la zone critique (320–400 nm) oriente le choix vers des tests de phototoxicité comme l’essai OCDE 432, ou vers une reformulation.

Compatibilité des matériaux d’emballage

Certains matériaux plastiques ou films d’emballage contiennent des additifs chimiques, colorants ou stabilisants qui peuvent interagir avec les UV. Dans l’agroalimentaire et le pharmaceutique, il est essentiel de garantir que ces substances ne subissent pas de dégradation photo-induite, susceptible d’altérer la qualité du contenu.

Le test OCDE 101 est utilisé pour :

  • Évaluer la photostabilité des additifs en contact avec la lumière ;
  • Détecter une migration photo-induite vers l’aliment ou le médicament ;
  • Justifier l’emploi de films protecteurs ou absorbants UV dans les conditionnements sensibles.

Dans ces secteurs, l’essai est parfois combiné à des tests de migration selon le règlement CE n° 1935/2004 pour les matériaux au contact des denrées alimentaires.

Exemple d’application en laboratoire : analyses spectrales d’un extrait végétal

Un laboratoire souhaitant tester un extrait de camomille utilisé dans une lotion cosmétique peut recourir à l’OCDE 101 afin de vérifier l’absence de risque phototoxique. En analysant le spectre d’absorption entre 200 et 800 nm, les chimistes détectent plusieurs pics au-delà de 300 nm.

Ces résultats orientent vers une évaluation phototoxique complémentaire (OCDE 432), voire vers une reformulation de la lotion ou un ajustement des conditions d’utilisation (ex. : ne pas exposer la peau au soleil après application).

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Mise en œuvre expérimentale du test OCDE 101 en laboratoire

Le test OCDE 101 suit un protocole analytique rigoureux, conçu pour garantir des résultats fiables, reproductibles et exploitables dans un cadre réglementaire. Cette troisième partie détaille les étapes clés du protocole, les exigences instrumentales, ainsi que les conditions expérimentales à respecter. Elle met également en lumière les critères d’interprétation des résultats et leur intégration dans un dossier réglementaire.

Préparation des solutions test

Avant de lancer la mesure spectrale, il est impératif de préparer des solutions test à des concentrations appropriées. L’objectif est d’obtenir un spectre comportant au moins un pic d’absorbance compris entre 0,5 et 1,5 unités.

  • Étalonnage préalable : une phase de recherche de concentration est souvent nécessaire pour ajuster la dilution. Cela permet d’éviter des saturations du détecteur ou des zones d’absorbance non mesurables.
  • Solvants utilisés : le méthanol est généralement recommandé, conformément aux lignes directrices ICH S10. Il est compatible avec la majorité des substances organiques et ne perturbe pas les longueurs d’onde mesurées.
  • Milieux d’analyse : pour détecter la sensibilité à l’environnement, l’analyse est menée dans trois milieux distincts :
    • Acide (pH < 2, ex. HCl 0,1 N),
    • Neutre (eau distillée ou tampon pH 7),
    • Basique (pH ≥ 10, ex. NaOH 0,1 N).

Cette approche multifactorielle permet d’évaluer la forme ionique du composé dans différentes conditions, ce qui est essentiel pour anticiper son comportement environnemental ou physiologique.

Configuration du spectrophotomètre UV-VIS

Le test nécessite un spectrophotomètre à double faisceau, capable de comparer l’absorption de la solution testée à celle d’un blanc (solvant seul). Ce type d’appareil est standard dans les laboratoires d’analyse physico-chimique.

  • Plage spectrale analysée : de 200 à 800 nm, couvrant les domaines UV lointain, UV proche et visible.
  • Résolution spectrale : elle doit être suffisante pour détecter les pics fins, généralement de l’ordre de 1 nm.
  • Longueur de la cuve : entre 0,1 et 10 cm selon l’absorbance attendue, pour ajuster la sensibilité de la mesure.
  • Conditions de température : le test est réalisé à 25 °C pour éviter toute variation due à l’évaporation ou à la dénaturation thermique.

L’appareil doit être calibré avant chaque série d’essais, et faire l’objet de contrôles métrologiques réguliers dans le cadre d’un système qualité (ISO 17025).

Enregistrement et traitement du spectre

Une fois les paramètres expérimentaux définis, le spectre UV-VIS est enregistré pour chaque solution :

  • Spectre brut : la courbe représente l’absorbance en fonction de la longueur d’onde, mettant en évidence les maxima (λmax) caractéristiques du composé.
  • Détermination du coefficient d’extinction molaire (MEC) : cette donnée quantitative indique l’intensité d’absorption d’une mole de substance. Elle est exprimée en L·mol⁻¹·cm⁻¹ et calculée selon la loi de Beer-Lambert.

A=ε⋅c⋅lA = \varepsilon \cdot c \cdot lA=ε⋅c⋅l

Où :

  • AAA est l’absorbance mesurée,
  • ε\varepsilonε est le coefficient d’extinction molaire (MEC),
  • ccc est la concentration (mol/L),
  • lll est la longueur du trajet optique (cm).
  • Analyse comparative : les spectres obtenus dans les trois milieux permettent de détecter d’éventuelles variations d’absorption en fonction du pH, ce qui indique une instabilité photochimique ou un changement de forme ionique.

Critères d’interprétation et déclenchement des tests complémentaires

Les résultats du test OCDE 101 sont interprétés en fonction de la position et de l’intensité des pics d’absorbance :

  • Pas d’absorption > 290 nm : la substance n’est pas susceptible d’induire une phototoxicité ou une dégradation photochimique en conditions d’exposition normales à la lumière. Aucun test complémentaire n’est requis.
  • Absorption significative entre 290 et 700 nm : la substance peut être photoactive. Cela déclenche :
    • Un test de phototoxicité in vitro (OCDE 432) ou
    • Un essai de phototransformation (OCDE 316, si la substance est rejetée dans l’eau).

Ces interprétations sont intégrées aux rapports réglementaires comme IUCLID, SDS (fiche de données de sécurité) ou Annexes REACH.

Exigences qualité et conformité réglementaire

Le test OCDE 101 peut être réalisé sous bonnes pratiques de laboratoire (BPL), notamment pour les substances destinées à un enregistrement REACH ou à un dépôt réglementaire :

  • Accréditation ISO 17025 : gage de compétence technique du laboratoire.
  • Traçabilité : toutes les étapes doivent être documentées (fiche de pesée, conditions d’analyse, calibration).
  • Archivage : les documents sources et échantillons doivent être conservés pendant 5 à 10 ans selon le cadre réglementaire.
  • Auditabilité : les essais doivent pouvoir être vérifiés par des autorités compétentes (ANSES, ECHA, etc.).

YesWeLab travaille exclusivement avec des laboratoires partenaires accrédités pour garantir la fiabilité des résultats, dans le respect strict des référentiels BPL, ISO 17025 et REACH.

Relations entre l’essai OCDE 101 et d’autres lignes directrices réglementaires

L’essai OCDE 101 ne constitue qu’une première étape dans la compréhension du comportement photochimique d’une substance. En cas d’absorption significative dans le domaine UV ou visible, d’autres tests doivent être envisagés pour compléter l’évaluation du danger, notamment en matière de phototoxicité, de transformation environnementale ou de sécurité pour l’utilisateur final. Cette partie explore les liens entre l’OCDE 101 et les autres lignes directrices pertinentes.

ocde 101 emballages photosensibles

OCDE 432 : phototoxicité in vitro par la méthode 3T3 NRU

OCDE 432 : phototoxicité in vitro par la méthode 3T3 NRU

Lorsque le spectre UV-VIS d’une substance révèle une absorption supérieure à 290 nm, l’OCDE recommande de réaliser un test de phototoxicité afin de déterminer si l’exposition à la lumière solaire peut amplifier sa toxicité.

Le test OCDE 432, intitulé “3T3 NRU Phototoxicity Test”, repose sur l’exposition de cellules fibroblastiques de souris (lignée Balb/c 3T3) à la substance testée, en présence ou non de lumière UVA (320–400 nm). On mesure ensuite la viabilité cellulaire par l’absorption du colorant rouge neutre.

  • Phototoxicité identifiée : si la substance est significativement plus toxique sous lumière que dans l’obscurité, elle est considérée comme phototoxique.
  • Phototoxicité exclue : si la courbe dose-réponse ne montre pas de différence entre les deux conditions, aucun risque n’est identifié.

Ce test est particulièrement pertinent pour les substances utilisées en cosmétique (crèmes, lotions, filtres UV) ou en pharmacologie cutanée.

OCDE 316 : phototransformation en milieu aquatique

Dans le cas où une substance absorbant dans l’UV-VIS est destinée à être rejetée dans l’environnement aquatique, l’OCDE 316 propose un protocole permettant de simuler la dégradation photochimique en eau naturelle.

Le test évalue :

  • Le taux de dégradation sous irradiation (naturelle ou simulée),
  • L’identification des produits de transformation (métabolites),
  • Le calcul de la demi-vie en fonction de l’intensité lumineuse.

Cette méthode est essentielle dans le cadre des évaluations éco-toxicologiques, notamment pour les substances actives biocides, les produits phytosanitaires, ou les résidus de médicaments dans l’eau.

Intégration dans les dossiers réglementaires (REACH, BPR, CLP)

L’essai OCDE 101, associé aux tests complémentaires comme les OCDE 432 ou 316, constitue une base solide pour les évaluations de risques exigées par la réglementation européenne :

  • REACH (CE n° 1907/2006) : l’OCDE 101 est inclus dans la section 7.1.1 de l’annexe VII, obligatoire pour les substances produites à plus de 1 tonne/an. Le résultat oriente les tests de phototoxicité ou de photodégradation.
  • BPR (Règlement Biocides CE n° 528/2012) : pour les substances actives biocides, l’évaluation de la photostabilité est indispensable pour prédire la persistance dans l’environnement.
  • CLP (règlement CE n° 1272/2008) : bien que la classification des substances ne s’appuie pas directement sur l’OCDE 101, les résultats peuvent appuyer une demande de classification ou la justification d’absence de danger.

Les données issues de l’essai OCDE 101 doivent être intégrées dans le dossier IUCLID, accompagnées de tous les éléments de traçabilité, du rapport d’étude complet et, si applicable, d’une certification BPL.

Synthèse des interactions et arbre décisionnel

Le schéma ci-dessous résume la logique d’interprétation à partir de l’essai OCDE 101 :

  • Pas d’absorption > 290 nm
    → Aucun test phototoxique complémentaire requis
    → Pas de transformation photolytique attendue
    → Fin de l’évaluation photochimique
  • Absorption > 290 nm
    → Test OCDE 432 pour évaluer la phototoxicité
    → Test OCDE 316 si émission potentielle dans l’environnement
    → Intégration dans les annexes réglementaires (IUCLID, BPR, etc.)

Cette interconnexion entre les lignes directrices garantit une approche cohérente et graduée de la sécurité des substances chimiques, respectant le principe des 3R (réduction, raffinement, remplacement des essais sur animaux) et la réglementation internationale.

ocde 101 photostabilité des colorants

Réalisation de l’essai OCDE 101 en laboratoire : techniques, exigences et bonnes pratiques

L’essai OCDE 101 repose sur une méthodologie rigoureuse qui nécessite des équipements analytiques spécifiques, des compétences techniques précises et une conformité aux standards de qualité reconnus à l’échelle internationale. Cette partie décrit en détail la manière dont les laboratoires spécialisés réalisent cet essai, depuis la préparation des échantillons jusqu’à l’émission du rapport final.

Appareillage utilisé : le spectrophotomètre UV-VIS à double faisceau

L’outil central de l’essai OCDE 101 est le spectrophotomètre UV-VIS à double faisceau, capable de mesurer l’absorption de la lumière par une solution dans les plages de longueurs d’onde allant de 200 à 800 nm.

  • Double faisceau : l’un traverse la cuve contenant la solution d’essai, l’autre passe dans une cuve contenant le blanc (solvant seul).
  • Détecteurs sensibles : généralement des photodiodes ou photomultiplicateurs permettent une mesure très précise de l’absorbance.
  • Résolution spectrale : elle est souvent fixée à 1 à 2 nm, ce qui permet de détecter précisément les pics d’absorption.

Le système doit être calibré régulièrement avec des étalons certifiés (ex. : solutions de nitrate de potassium ou de permanganate de potassium) pour garantir la justesse des mesures.

Préparation des solutions d’essai : pH, solvant, concentration

La préparation de la solution testée est une étape cruciale pour obtenir un spectre exploitable :

  • Solvant : le plus souvent, il s’agit de méthanol, éthanol, ou d’un tampon aqueux, selon la solubilité de la substance.
  • Concentration cible : ajustée pour obtenir au moins un pic d’absorbance compris entre 0,5 et 1,5 unités. Cela permet une mesure linéaire et reproductible.
  • Conditions de pH :
    • Milieu acide (pH < 2, ex. : HCl 0,1 N)
    • Milieu basique (pH > 10, ex. : NaOH 0,1 N)
    • Milieu neutre (eau purifiée ou tampon phosphate)

Ces conditions permettent d’explorer les différentes formes ioniques d’une substance et leurs propriétés d’absorption.

Déroulement du test : acquisition du spectre UV-VIS

Le spectre d’absorption est obtenu en scannant la solution entre 200 et 800 nm, avec des incréments typiques de 1 nm. On observe :

  • Position des pics (longueurs d’onde λ max)
  • Forme du spectre (largeur, épaulements, plateaux)
  • Valeurs d’absorbance en unités optiques (UO)

Les spectres sont généralement enregistrés en trois milieux différents (acide, basique, neutre) afin de détecter d’éventuelles transitions spécifiques à une forme ionique.

Les données sont ensuite exploitées pour calculer le coefficient d’extinction molaire (ε), exprimé en L·mol⁻¹·cm⁻¹. Cette valeur indique la capacité de la molécule à absorber la lumière, élément clé pour prédire la photodégradabilité ou la phototoxicité.

Bonnes pratiques de laboratoire et conformité BPL/ISO 17025

Pour que les résultats soient reconnus au niveau réglementaire, l’essai OCDE 101 doit être réalisé dans des conditions strictes :

  • Conformité BPL (Bonnes Pratiques de Laboratoire) :
    • Traçabilité complète des manipulations
    • Validation des méthodes
    • Archivage des données et échantillons
    • Supervision par une unité d’assurance qualité
  • Accréditation ISO 17025 :
    • Démonstration de la compétence technique du laboratoire
    • Contrôle qualité régulier des équipements
    • Participation à des essais interlaboratoires
    • Système de gestion documentaire structuré

YesWeLab collabore uniquement avec des laboratoires accrédités répondant à ces exigences pour assurer la fiabilité et la validité des résultats, notamment dans les contextes REACH, BPR ou enregistrement biocide.

Analyses de laboratoire par spectrophotométrie

L’essai OCDE 101 est un exemple concret de spectrophotométrie appliquée à l’évaluation des risques chimiques. Cette technique est également utilisée dans d’autres domaines analytiques, comme le dosage de composés organiques dans les secteurs agroalimentaire, cosmétique ou pharmaceutique.

Prenons l’exemple de l’analyse de l’acide malique :

  • Spectrophotométrie UV-VIS : méthode simple et rapide pour estimer la concentration de l’acide dans les jus, confitures ou crèmes.
  • Titrage acido-basique : complémentaire pour les matrices simples.
  • HPLC (chromatographie liquide) : plus spécifique, permet de distinguer les isomères de l’acide malique.

Dans tous les cas, la conformité aux normes ISO 17025 ou COFRAC reste indispensable pour garantir la valeur réglementaire des résultats.

YesWeLab : votre partenaire pour les essais OCDE et analyses réglementaires

YesWeLab accompagne les industriels dans la gestion complète de leurs essais réglementaires, notamment les essais OCDE, grâce à une plateforme digitale unique et un réseau de plus de 200 laboratoires partenaires accrédités en France et en Europe.

Une plateforme unique pour centraliser vos besoins analytiques

Grâce à sa plateforme digitale intuitive, YesWeLab permet aux professionnels de la qualité, de la R&D et de la réglementation de :

  • Comparer et commander des essais OCDE en quelques clics
  • Suivre les échantillons et la progression des analyses en temps réel
  • Télécharger les rapports d’essais conformes BPL, REACH ou ISO 17025
  • Échanger directement avec les laboratoires pour adapter le protocole

Cette gestion centralisée simplifie considérablement les démarches analytiques et réduit les délais de mise en conformité réglementaire.

Un réseau de laboratoires accrédités pour répondre à toutes vos exigences

YesWeLab travaille exclusivement avec des laboratoires certifiés ISO 17025, BPL et/ou COFRAC, ce qui garantit :

  • La qualité et la fiabilité des résultats
  • La conformité avec les réglementations internationales (REACH, BPR, CLP, OCDE, etc.)
  • Des essais reconnus par les autorités sanitaires et environnementales

Qu’il s’agisse d’un essai OCDE 101, d’une étude de toxicité subchronique (OCDE 408), ou encore d’un test de phototoxicité (OCDE 432), les laboratoires partenaires de YesWeLab disposent de l’équipement et de l’expertise nécessaires pour prendre en charge les protocoles les plus exigeants.

Un accompagnement expert sur mesure

Au-delà de la mise en relation, YesWeLab agit comme votre partenaire technique, capable de :

  • Traduire vos besoins réglementaires en cahier des charges analytique
  • Sélectionner le bon laboratoire selon la méthode OCDE, la matrice ou le secteur d’application
  • Coordonner les essais entre plusieurs sites ou disciplines analytiques
  • Valider les rapports et vous aider dans leur intégration dans vos dossiers réglementaires (IUCLID, dossiers REACH, etc.)

Ce niveau d’accompagnement est particulièrement apprécié par les fabricants, distributeurs et consultants qui gèrent des portefeuilles complexes de substances ou de formulations.

Une expertise multi-sectorielle

YesWeLab intervient dans de nombreux secteurs industriels concernés par les lignes directrices OCDE :

Quel que soit votre domaine, YesWeLab vous aide à trouver la méthode OCDE la plus adaptée à votre produit, à sa forme galénique et à ses obligations réglementaires.

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