Dosage de chlorure de didécyldiméthylammonium (DDAC) en laboratoire

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chlorure de didécyldiméthylammonium (DDAC)

Le chlorure de didécyldiméthylammonium (DDAC) est un composé chimique largement utilisé dans de nombreux secteurs industriels pour ses propriétés désinfectantes et antimicrobiennes. 

Que ce soit dans les hôpitaux, l’industrie agroalimentaire ou pour l’entretien de locaux agricoles, le DDAC s’impose comme un élément clé pour garantir un environnement hygiénique. Cependant, sa manipulation et son utilisation nécessitent une compréhension approfondie de ses propriétés chimiques, de ses applications spécifiques, ainsi que des réglementations qui encadrent son usage. 

Cet article explore en détail le chlorure de didécyldiméthylammonium, en examinant ses caractéristiques, ses diverses utilisations, ses implications réglementaires et l’importance de l’analyse en laboratoire pour en garantir la sécurité.

 

 

Qu'est-ce que le chlorure de didécyldiméthylammonium ?

Définition chimique et composition

Le chlorure de didécyldiméthylammonium (DDAC) est un composé appartenant à la famille des ammoniums quaternaires. Les ammoniums quaternaires, également connus sous le nom de “quats” (quaternary ammonium compounds), sont des composés azotés où l’atome d’azote est lié à quatre groupes alkyles. Dans le cas du DDAC, la molécule est constituée de deux groupes décyles (C10) et de deux groupes méthyles, tous liés à un atome central d’azote. Cette structure particulière confère au DDAC ses propriétés tensioactives, c’est-à-dire sa capacité à agir comme un agent de surface, ce qui est essentiel pour ses effets désinfectants.

 

Caractéristiques chimiques et identifiants réglementaires

Le DDAC est identifié par plusieurs codes et numéros qui permettent de le distinguer précisément dans le domaine des substances chimiques réglementées :

  • Formule chimique : C₂₂H₄₈ClN
  • Masse molaire : 362,08 g/mol
  • Numéro CAS : 7173-51-5
  • Numéro EINECS : 230-525-2

Ces identifiants, tels que le numéro CAS, sont essentiels pour assurer la traçabilité du DDAC dans les processus de production et d’analyse, en facilitant la conformité aux normes de sécurité et aux régulations européennes.

 

Synonymes et appellations courantes

Le DDAC est également connu sous d’autres noms, notamment “Quaternium 12” ou “DDAC-C10.” Ces synonymes peuvent être utilisés selon le contexte ou l’industrie, mais ils font tous référence à la même molécule avec les mêmes propriétés antimicrobiennes et désinfectantes. Il est ainsi important pour les utilisateurs professionnels et industriels de connaître ces différentes appellations afin de s’assurer de la bonne compréhension des fiches techniques et réglementaires.

 

À quoi sert le chlorure de didécyldiméthylammonium ?

Applications dans le secteur médical et hospitalier

Le DDAC est largement utilisé dans le domaine médical et hospitalier pour sa capacité à éliminer une large gamme de micro-organismes pathogènes. En tant que désinfectant puissant, il est appliqué sur les surfaces et les équipements médicaux pour assurer la stérilisation et limiter la propagation des infections. Les ammoniums quaternaires, comme le DDAC, sont particulièrement efficaces contre les bactéries, les champignons et certains virus, ce qui en fait un choix idéal pour les hôpitaux et les cliniques. Il est aussi présent dans certains antiseptiques topiques, bien que les concentrations soient soigneusement contrôlées pour éviter toute irritation cutanée.

 

Utilisation dans l'industrie agroalimentaire

Dans l’industrie agroalimentaire, le DDAC est couramment employé pour nettoyer et désinfecter les surfaces en contact avec des aliments, notamment dans les usines de transformation et les chaînes de production. Il est également utilisé pour éliminer les résidus microbiens dans les zones de stockage et sur les équipements afin de prévenir toute contamination croisée qui pourrait affecter la qualité et la sécurité des produits alimentaires. Toutefois, le DDAC doit être utilisé avec précaution dans ce contexte, car il est soumis à des limites de résidus maximales (LMR) dans les denrées alimentaires afin de garantir la sécurité des consommateurs.

 

Applications en agriculture

Le DDAC trouve aussi des applications dans le secteur agricole, où il est utilisé pour désinfecter les locaux agricoles, les serres, et même certaines cultures. Son efficacité contre une grande variété de micro-organismes aide à protéger les plantes des maladies causées par les champignons et les bactéries, tout en maintenant des conditions sanitaires dans les installations de production agricole. Cependant, en raison des normes de sécurité environnementales, son utilisation sur des cultures destinées à la consommation humaine est strictement réglementée, et les dosages doivent être soigneusement contrôlés.

 

Autres domaines d'utilisation : entretien des piscines et produits domestiques

En dehors des environnements industriels, le DDAC est également utilisé dans des produits de nettoyage domestiques et dans l’entretien des piscines en tant qu’algicide. Dans ce dernier cas, il agit en éliminant les algues qui peuvent se développer dans l’eau, garantissant ainsi une eau claire et sans résidus biologiques. En raison de sa capacité à éliminer les micro-organismes tout en étant relativement stable dans l’eau, il est particulièrement adapté pour ce type d’application.

Grâce à ses propriétés désinfectantes et antimicrobiennes, le chlorure de didécyldiméthylammonium s’avère être un agent précieux dans de nombreux secteurs. Cependant, son utilisation nécessite une connaissance approfondie des dosages et des réglementations spécifiques pour assurer à la fois l’efficacité du produit et la sécurité des utilisateurs finaux.

 

chlorure de didécyldiméthylammonium

Propriétés du Chlorure de Didécyldiméthylammonium

Propriétés physico-chimiques

Le DDAC possède des propriétés physico-chimiques spécifiques qui le rendent efficace dans ses diverses applications. Soluble dans l’eau, il se dissout facilement, ce qui en facilite l’application sous forme de solutions aqueuses pour le nettoyage et la désinfection. Sa densité à 20 °C est de 0,95 g/cm³, et il présente un point d’ébullition à 88 °C, ainsi qu’un point d’éclair de 29 °C. Ces caractéristiques permettent son emploi dans des environnements variés, y compris ceux nécessitant des conditions de température spécifiques.

En tant qu’ammonium quaternaire, le DDAC est un tensioactif cationique, ce qui signifie qu’il réduit la tension superficielle entre les molécules. Cette propriété favorise sa dispersion uniforme sur les surfaces et lui permet de pénétrer les membranes cellulaires des micro-organismes, menant ainsi à leur destruction. Cette action tensioactive est particulièrement bénéfique pour ses applications dans le secteur industriel, où la désinfection de grandes surfaces est souvent requise.

Profil toxicologique et précautions de manipulation

Le DDAC est efficace mais nécessite des précautions particulières en raison de sa toxicité potentielle. Son profil toxicologique montre qu’il peut être irritant pour la peau et les yeux et, à fortes concentrations, peut causer des brûlures ou des réactions allergiques. Les effets toxiques du DDAC se manifestent surtout lorsqu’il est manipulé en concentrations élevées ou sans protection adéquate.

Lors d’une ingestion accidentelle ou d’un contact prolongé avec la peau, le DDAC peut causer des effets indésirables graves. En cas de manipulation, il est recommandé de porter des équipements de protection tels que des gants, des lunettes de sécurité et des masques pour éviter tout contact direct. Le stockage du DDAC doit être effectué dans des contenants bien scellés, dans un endroit frais et ventilé, à l’abri de toute source de chaleur ou de flamme en raison de son inflammabilité.

 

Mesures de sécurité et procédures de transport

En matière de sécurité, le DDAC est classé sous plusieurs pictogrammes de danger, notamment ceux indiquant qu’il est inflammable, irritant, et toxique pour les organismes aquatiques. Les précautions de manipulation comprennent donc l’évitement des rejets dans l’environnement pour limiter les risques de contamination des eaux et des sols. Pour le transport, le DDAC est classé sous l’UN 2920, ce qui signifie qu’il doit être emballé et transporté selon des normes strictes pour prévenir tout risque lors de son acheminement.

 

Réglementation et limites de résidus (LMR) du chlorure de didécyldiméthylammonium

Statut réglementaire en Europe et à l'international

En Europe, le DDAC est réglementé par la directive 98/8/CE et les amendements associés, qui encadrent son utilisation dans les produits biocides et désinfectants. La substance a été approuvée pour une utilisation limitée en janvier 2010, mais cette autorisation initiale s’est concentrée uniquement sur les cultures ornementales et a expiré en 2013. Depuis lors, l’usage du DDAC dans l’agriculture a été restreint, et toute utilisation dans les produits alimentaires est soumise à des contrôles stricts.

En 2020, le Comité des produits biocides a approuvé l’utilisation du DDAC pour les types de produits 1, 2, 3, et 4, à savoir les produits destinés aux surfaces en contact avec des denrées alimentaires, les désinfectants de surface, ainsi que d’autres produits à usage vétérinaire. Cette réglementation exige des autorisations de mise sur le marché (AMM) pour les produits contenant du DDAC, assurant que seuls les produits respectant les normes de sécurité peuvent être commercialisés.

 

Règlementation des limites maximales de résidus (LMR)

Les LMR désignent la quantité maximale de résidus autorisée dans les denrées alimentaires. Dans le cas du DDAC, ces résidus peuvent persister sur les surfaces en contact avec des aliments, ce qui impose des contrôles réguliers pour éviter la contamination des produits destinés à la consommation humaine. Le règlement (UE) N°396/2005 fixe des LMR strictes pour le DDAC dans les denrées alimentaires, initialement fixées à une LMR par défaut de 0,01 mg/kg. Cependant, des ajustements ont été réalisés en 2014 par la Commission européenne pour établir des LMR temporaires basées sur les données de surveillance disponibles et l’avis de l’EFSA (Autorité Européenne de Sécurité des Aliments).

Ces LMR temporaires permettent de concilier l’utilisation industrielle du DDAC avec la protection des consommateurs, mais les industriels doivent suivre de près toute modification réglementaire. Ces limites visent à réduire les risques pour la santé tout en maintenant l’efficacité du DDAC comme désinfectant dans les environnements où les denrées alimentaires sont manipulées.

 

Importance des LMR pour la sécurité des produits

Le respect des LMR pour le DDAC est essentiel pour garantir la sécurité alimentaire et éviter les contaminations. Les entreprises de l’industrie agroalimentaire et de la transformation des aliments doivent mettre en place des pratiques de nettoyage rigoureuses et utiliser le DDAC dans des conditions contrôlées. En cas de dépassement des LMR, des sanctions peuvent être imposées, et les produits peuvent être retirés du marché, ce qui entraîne des coûts élevés et nuit à la réputation des entreprises.

 

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Comparaison avec d'autres ammoniums quaternaires (ex. chlorure de dioctyl diméthyl ammonium)

Qu'est-ce que le chlorure de dioctyl diméthyl ammonium ?

Le chlorure de dioctyl diméthyl ammonium est un ammonium quaternaire similaire au DDAC mais qui diffère par sa structure chimique et, par conséquent, par certaines de ses propriétés. Dans cette molécule, l’atome d’azote central est lié à deux chaînes octyles (C8) et à deux groupes méthyles. Comme le DDAC, le chlorure de dioctyl diméthyl ammonium est un tensioactif cationique, ce qui signifie qu’il possède également une capacité antimicrobienne utile dans des contextes de désinfection et de nettoyage industriels.

 

Similarités entre le DDAC et le chlorure de dioctyl diméthyl ammonium

Les deux composés appartiennent à la catégorie des ammoniums quaternaires et partagent plusieurs propriétés :

  • Propriétés antimicrobiennes : Les deux composés sont efficaces pour éliminer les bactéries, les champignons et certains virus. En raison de leurs propriétés cationiques, ils perturbent les membranes cellulaires des micro-organismes, entraînant leur destruction.
  • Applications similaires : Comme le DDAC, le chlorure de dioctyl diméthyl ammonium est utilisé dans le secteur de la désinfection, notamment dans les milieux hospitaliers, industriels et agricoles. Tous deux sont aussi présents dans des produits de nettoyage domestiques et professionnels.

 

Différences et spécificités​

Les différences entre ces deux composés résident dans leurs chaînes alkyles : le DDAC présente deux chaînes décyles (C10) tandis que le chlorure de dioctyl diméthyl ammonium a deux chaînes octyles (C8). Cette différence de structure entraîne des variations dans la stabilité chimique et la solubilité. Le DDAC tend à avoir un pouvoir antimicrobien plus large et est souvent préféré pour des applications plus diversifiées. En revanche, le chlorure de dioctyl diméthyl ammonium est parfois employé pour des usages plus ciblés, en fonction des exigences des industries.

 

Utilisation conjointe pour une efficacité renforcée

Dans de nombreuses formulations, le DDAC est associé à d’autres ammoniums quaternaires, y compris le chlorure de dioctyl diméthyl ammonium, pour une action synergique. L’association de ces composés permet d’améliorer l’efficacité antimicrobienne en étendant le spectre d’action contre divers types de micro-organismes. Ces mélanges sont courants dans les désinfectants multi-usages, particulièrement utilisés dans des environnements à risques élevés de contamination microbienne, comme les hôpitaux, les usines de transformation alimentaire et les lieux publics.

 

chlorure de didécyldiméthylammonium

Analyse du chlorure de didécyldiméthylammonium en laboratoire

Méthodologies de test et d’analyse

La détection et la quantification du DDAC dans différents échantillons nécessitent des techniques analytiques sophistiquées. L’une des méthodes couramment employées est le Screening HS-GC-MS (Headspace-Gas Chromatography-Mass Spectrometry). Cette technique permet de détecter la présence de DDAC et d’autres composés volatils dans des échantillons, en utilisant la chromatographie en phase gazeuse couplée à la spectrométrie de masse pour une identification précise.

Le prélèvement pour le HS-GC-MS doit être réalisé sur des supports étanches et inertes pour éviter toute contamination. Les échantillons sont conditionnés dans des flacons spécifiques, et la limite de quantification (LQ) pour le DDAC varie de 0,1 à 10 mg/L, selon les caractéristiques de l’échantillon. La méthode utilisée est souvent interne, c’est-à-dire développée et validée par le laboratoire pour s’adapter aux particularités du composé analysé.

 

Autres techniques analytiques courantes pour le DDAC

Outre le HS-GC-MS, le LC-MS-MS (Liquid Chromatography-Mass Spectrometry) est fréquemment utilisé pour les analyses du DDAC, en particulier pour les échantillons liquides ou aqueux. Cette technique permet de séparer, d’identifier et de quantifier le DDAC avec une grande précision. Le GC-MS (Gas Chromatography-Mass Spectrometry) est également utilisé, surtout pour les matrices plus complexes ou les mélanges de composés volatils.

Chaque méthode offre des avantages spécifiques : le LC-MS-MS est particulièrement adapté pour les matrices aqueuses, tandis que le GC-MS convient pour les échantillons volatils. Le choix de la méthode dépend du type d’échantillon, de la concentration attendue et des exigences réglementaires de l’industrie concernée.

Importance de ces analyses pour les industriels

Pour les industriels, ces analyses sont essentielles à plusieurs niveaux :

 

  • Sécurité des produits : Les analyses permettent de s’assurer que les concentrations de DDAC sont conformes aux limites réglementaires, garantissant ainsi la sécurité des produits pour les utilisateurs finaux.
  • Conformité réglementaire : En respectant les LMR (Limites Maximales de Résidus), les analyses garantissent que les produits respectent les réglementations nationales et internationales, indispensables pour obtenir les autorisations de mise sur le marché.
  • Prévention des contaminations : En identifiant toute contamination possible par le DDAC, les industriels peuvent ajuster leurs procédés de nettoyage et éviter des dépassements de résidus dans les produits finaux, ce qui est crucial dans les secteurs agroalimentaire et pharmaceutique.
 

Les méthodologies analytiques de détection du chlorure de didécyldiméthylammonium en laboratoire sont donc fondamentales pour garantir la sécurité, la conformité et l’efficacité des produits. Ces analyses permettent aux industriels de maîtriser les risques liés aux résidus et d’assurer un suivi rigoureux de la qualité de leurs procédés de fabrication.

 

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