L’oxyde d’éthylène (ETO) est un contaminant chimique sous haute surveillance dans l’industrie agroalimentaire, cosmétique et pharmaceutique. Utilisé dans certains pays comme agent stérilisant, il est aujourd’hui strictement interdit dans l’Union européenne en raison de ses effets toxiques avérés sur la santé humaine. Pourtant, des résidus de cette substance continuent d’être détectés dans des produits importés, exposant les industriels à des risques réglementaires et sanitaires majeurs. Pour répondre à ces enjeux, des analyses spécifiques sont disponibles, comme le dosage de l’oxyde d’éthylène, permettant de contrôler efficacement la conformité des produits. Pour aller plus loin, découvrez notre service d’analyse des contaminants chimiques en laboratoire, incluant les résidus réglementés comme l’oxyde d’éthylène.
Cet article explore en profondeur les propriétés de l’oxyde d’éthylène, ses usages, les risques associés et les méthodes analytiques permettant de le détecter dans les produits.
Table des matières
Qu’est-ce que l’oxyde d’éthylène ?
Définition et caractéristiques chimiques
L’oxyde d’éthylène, également appelé 1,2-époxyéthane ou oxirane, est un composé organique de formule brute C₂H₄O. Il s’agit du plus simple des éthers cycliques de la famille des époxydes. À température ambiante, il se présente sous forme de gaz incolore, très volatil, avec une odeur légèrement éthérée. Sa température d’ébullition est extrêmement basse (11 °C) et il est totalement miscible dans l’eau. L’oxyde d’éthylène est également très réactif : il peut facilement polymériser ou former des liaisons avec d’autres composés organiques.
Ce gaz est compressible sous forme liquide, mais reste hautement inflammable avec une limite d’explosivité comprise entre 3 % et 100 % en volume dans l’air. Son point d’éclair est de -57 °C, ce qui en fait une substance à risque élevé en termes de manipulation industrielle.
Son numéro CAS est le 75-21-8, et il est inscrit dans la classification du CIRC (Centre international de recherche sur le cancer) comme substance appartenant au groupe 1, c’est-à-dire cancérogène avéré pour l’homme.
Propriétés toxicologiques
L’oxyde d’éthylène est classé comme substance CMR : cancérogène, mutagène et reprotoxique. Il s’agit d’un agent alkylant qui peut interagir avec l’ADN et les protéines, provoquant des mutations cellulaires. Plusieurs études épidémiologiques ont mis en évidence un lien entre l’exposition à l’oxyde d’éthylène et l’augmentation du risque de cancers lymphoïdes, de l’estomac ou du sein.
En cas d’inhalation, ce gaz peut provoquer des irritations des muqueuses, des maux de tête, des troubles respiratoires, voire des convulsions ou des œdèmes pulmonaires. Des cas de neuropathies périphériques, de pertes de mémoire ou de troubles de la coordination œil-main ont également été signalés dans des environnements professionnels exposés à des concentrations aussi basses que 3 ppm.
L’exposition chronique est particulièrement préoccupante. En milieu professionnel, la limite d’exposition admissible fixée par l’OSHA (États-Unis) est de 1 ppm (moyenne pondérée sur 8 h), avec une limite d’exposition à court terme de 5 ppm sur 15 minutes. À noter que le seuil de détection olfactive varie entre 250 et 700 ppm, ce qui signifie que le gaz peut être déjà toxique avant même d’être détectable par l’odorat.
Présence dans les produits finis
L’oxyde d’éthylène est considéré comme un contaminant lorsqu’il est présent sous forme de résidu dans des produits destinés à l’alimentation humaine, animale ou à l’usage cosmétique. Il peut également être détecté sous forme de 2-chloroéthanol, un sous-produit issu de sa dégradation ou de sa transformation.
Les analyses de conformité tiennent compte de la somme de l’oxyde d’éthylène et du 2-chloroéthanol, exprimée en équivalent oxyde d’éthylène. Cette définition est celle retenue par le règlement (CE) n°396/2005 de la Commission européenne.
La présence de ce contaminant dans des produits finis, même en quantités très faibles, peut entraîner le retrait ou le rappel immédiat des lots concernés, en particulier lorsqu’il s’agit de denrées alimentaires, de produits BIO ou de compléments nutritionnels.

À quoi sert l’oxyde d’éthylène ? Usages et applications industrielles
Malgré sa dangerosité bien établie, l’oxyde d’éthylène reste utilisé dans de nombreux pays pour ses propriétés exceptionnelles. C’est un composé à large spectre d’action qui trouve sa place dans plusieurs secteurs industriels : agroalimentaire, médical, chimique, et pharmaceutique. Cette section explore ses deux principaux usages : comme agent biocide et comme intermédiaire chimique dans la synthèse de produits industriels.
Un biocide puissant pour la stérilisation
L’oxyde d’éthylène est un désinfectant gazeux très efficace contre les bactéries, moisissures, levures et spores. Il est utilisé pour stériliser des produits sensibles à la chaleur, qui ne peuvent pas être traités par autoclave ou par rayonnement ionisant.
a) Désinfection des produits alimentaires et cosmétiques
Historiquement, l’oxyde d’éthylène a été largement utilisé pour traiter les épices, les plantes séchées, les herbes aromatiques, les graines et les noix, notamment lors de leur exportation depuis des zones tropicales. Ce procédé permettait de garantir la sécurité microbiologique des lots tout en préservant les propriétés organoleptiques des denrées (couleur, goût, texture), contrairement à des traitements thermiques plus agressifs.
Cependant, cette pratique est aujourd’hui interdite dans l’Union européenne, car les résidus d’oxyde d’éthylène présentent des risques sanitaires graves. Malgré cela, plusieurs pays tiers, comme l’Inde, le Canada, les États-Unis ou l’Australie, continuent d’utiliser ce gaz dans les traitements post-récolte.
Cette situation explique les nombreux cas de non-conformité détectés sur des produits importés, comme en 2020, lorsque plus de 268 tonnes de graines de sésame ont été retirées du marché européen après avoir présenté des taux de contamination 3 500 fois supérieurs à la limite maximale autorisée (0,05 mg/kg). Cette affaire, relayée par le système RASFF, a mis en lumière l’ampleur de l’usage de cette substance dans certains pays exportateurs.
b) Stérilisation du matériel médical
L’oxyde d’éthylène est aussi très répandu dans le secteur médical pour la stérilisation de dispositifs sensibles tels que :
- Bandages, sutures, implants, seringues, cathéters
- Tétines, biberons, dispositifs pour prématurés
- Instruments chirurgicaux en plastique ou silicone
Il est notamment utilisé lorsque les matériaux ne supportent pas la chaleur ou les rayons gamma. Cette méthode de stérilisation est encadrée par des normes strictes, comme la norme NF EN 550, qui définit les exigences en matière de validation, de contrôle et de sécurité du procédé.
Cependant, cette technique a donné lieu à plusieurs controverses sanitaires, notamment en France dans les années 2000. Des résidus d’oxyde d’éthylène ont été détectés dans des tétines et biberons stérilisés destinés aux maternités. Ces révélations ont conduit à une révision de la réglementation et à l’interdiction de l’usage de cette substance sur les matériaux au contact des denrées alimentaires (MCDA).
c) Autres utilisations biocides
L’oxyde d’éthylène a également été utilisé dans :
- La désinfection d’archives et de documents historiques, pour éliminer les moisissures sans endommager les matériaux fragiles
- La fumigation de bâtiments (interdite aujourd’hui en Europe)
- La stérilisation d’emballages ou d’équipements de laboratoire
Un intermédiaire clé dans l’industrie chimique
L’oxyde d’éthylène n’est pas seulement un agent de stérilisation. Il est aussi un précurseur chimique fondamental pour la fabrication de dérivés industriels majeurs, notamment dans l’industrie des plastiques, des solvants, des cosmétiques et des produits pharmaceutiques.
a) Synthèse de l’éthylène glycol
Le principal débouché industriel de l’oxyde d’éthylène est la production d’éthylène glycol (EG). Ce composé est utilisé pour :
- Les liquides de refroidissement automobiles (antigels)
- Les solvants
- Les encres et résines
- La fabrication de fibres de polyester
La réaction est simple : l’oxyde d’éthylène est hydrolysé en éthylène glycol dans des conditions contrôlées.
b) Production de polyéthers et tensioactifs
L’oxyde d’éthylène est aussi un monomère pour la polymérisation de polyéthylène glycol (PEG), utilisé comme :
- Additif cosmétique
- Excipient pharmaceutique
- Agent de texture ou d’émulsion
- Composant de gels hydroalcooliques
Il entre également dans la composition de tensioactifs non ioniques, via un procédé appelé éthoxylation : le gaz est ajouté à des molécules comme les alcools gras pour former des agents nettoyants doux, utilisés dans les produits ménagers, les shampoings et les lessives.
c) Fabrication de dérivés complexes
L’oxyde d’éthylène permet la synthèse d’éthers en couronne, des oligomères cycliques capables de former des complexes avec des ions métalliques. Ces composés ont des applications dans :
- Les recherches en chimie organique
- La fabrication de membranes sélectives
- Les procédés d’extraction liquide-liquide
Cependant, leur coût élevé limite leur usage à des applications de laboratoire.
Données sur la production et la consommation mondiale
Selon les données du secteur (Chemical Weekly, 2010) :
- La demande mondiale en oxyde d’éthylène était de 16,6 millions de tonnes en 2004
- Elle a atteint 20 millions de tonnes en 2009
- Le taux de croissance estimé est de 5,7 % par an
Malgré les restrictions croissantes, l’oxyde d’éthylène reste un pilier de l’industrie chimique mondiale, notamment dans les pays où la réglementation est moins contraignante qu’en Europe.
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Pourquoi l’oxyde d’éthylène est-il interdit dans l’Union européenne ?
L’oxyde d’éthylène est aujourd’hui strictement interdit dans l’Union européenne pour toutes les utilisations alimentaires ou sanitaires, à cause de son profil toxicologique extrêmement préoccupant. Classé comme substance cancérogène, mutagène et reprotoxique (CMR), il fait l’objet d’une réglementation très stricte, qui s’applique aussi bien aux produits alimentaires, cosmétiques, qu’aux matériaux destinés à entrer en contact avec les denrées.
Un risque reconnu depuis plusieurs décennies
a) Une toxicité documentée
Le caractère génotoxique de l’oxyde d’éthylène a été établi dès 1968 par des chercheurs suédois (Hogstedt & Ehrenberg). Pourtant, il a fallu attendre 1994 pour que cette propriété soit officiellement reconnue par les instances européennes.
Le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) classe l’oxyde d’éthylène dans le groupe 1 : cancérogène avéré pour l’homme. En parallèle, le règlement CLP de l’Union européenne le répertorie en catégorie :
- 1B pour la cancérogénicité (H350)
- 1B pour la mutagénicité (H340)
- 1B pour la reprotoxicité (H360)
L’exposition à ce gaz, même à faible dose, peut provoquer de nombreux effets délétères, notamment :
- Cancers du sein, lymphoïdes et gastriques (selon des études épidémiologiques)
- Mutations chromosomiques et anomalies génétiques
- Troubles neurologiques (maux de tête, pertes de mémoire, neuropathies)
- Effets tératogènes et perturbations hormonales
b) Une faible marge de sécurité
Contrairement à d’autres substances chimiques, l’oxyde d’éthylène ne possède pas de seuil d’exposition considéré comme “sans risque”. Sa toxicité s’exerce même à très faible dose, ce qui justifie la position de tolérance zéro adoptée par les autorités européennes, notamment en France.
Une interdiction stricte pour les usages alimentaires
a) Interdiction d’utilisation en Europe
Depuis le règlement CE n°396/2005, l’oxyde d’éthylène ne peut plus être utilisé comme pesticide ou comme désinfectant dans les procédés agroalimentaires au sein de l’Union européenne. Il est également interdit pour :
- Le traitement des graines, épices, plantes, herbes aromatiques
- La fumigation de denrées alimentaires
- Le contact direct ou indirect avec des matériaux au contact des aliments (MCDA)
Son emploi reste possible dans certains dispositifs médicaux, mais sous conditions strictes de stérilisation et de validation (ex. : norme NF EN ISO 10993-7 pour les dispositifs médicaux).
b) Limites maximales de résidus (LMR)
La réglementation européenne impose des limites extrêmement basses pour la présence d’oxyde d’éthylène dans les denrées. Ces seuils sont définis dans le règlement CE n°396/2005 et ses annexes.
Voici quelques exemples de LMR :
Type de produit | Limite maximale de résidus (LMR) |
Graines de sésame, épices BIO | 0,05 mg/kg (ou 0,01 mg/kg pour le BIO) |
Fruits, légumes, céréales | 0,02 mg/kg |
Thé, infusions, plantes séchées | 0,1 mg/kg |
Produits transformés (composites) | LMR la plus basse des ingrédients |
Dans le cas de produits composites, la LMR appliquée est celle de l’ingrédient le plus sensible, sauf si un facteur de transformation validé est disponible.
c) Zéro tolérance pour les produits BIO
Pour les produits certifiés agriculture biologique, la limite réglementaire est fixée à 0,01 mg/kg, soit la limite de quantification. Toute détection, même infime, constitue une non-conformité, obligeant :
- L’opérateur BIO à informer son organisme certificateur
- La mise en quarantaine ou le retrait du lot
- La notification aux clients ou distributeurs
L’attitude des autorités françaises : rigueur et retrait obligatoire
En France, l’administration adopte une position stricte, en particulier vis-à-vis des produits importés :
- Tout lot non conforme doit être retiré ou rappelé, y compris pour l’alimentation animale
- L’usage de matières premières contaminées est interdit, même dans des formulations diluées
- L’incertitude de mesure ne peut pas être invoquée pour justifier un dépassement
Depuis 2020, les contrôles ont été intensifiés, avec une attention particulière sur les produits provenant de pays tiers. La DGCCRF publie régulièrement des listes de produits rappelés, comme en juin 2021, où plus de 7 000 références ont été concernées.
L’autocontrôle est fortement recommandé par les autorités : tout opérateur ayant un doute sur la conformité d’une matière première ou d’un produit transformé doit réaliser une analyse de laboratoire pour garantir la conformité réglementaire.
Le rôle du RASFF dans la surveillance des importations
Le système européen d’alerte rapide pour les denrées alimentaires et les aliments pour animaux (RASFF) joue un rôle clé dans la surveillance des produits contaminés. Il permet :
- De centraliser les notifications de non-conformité entre États membres
- De déclencher les rappels produits à l’échelle européenne
- De renforcer les contrôles aux frontières sur certaines catégories de produits à risque

Quels produits sont concernés par la contamination à l’oxyde d’éthylène ?
La contamination à l’oxyde d’éthylène ne se limite pas à un seul secteur ou type de produit. Bien au contraire, de nombreuses matières premières végétales, des produits transformés ou encore des formulations cosmétiques peuvent être exposés à ce contaminant, souvent utilisé lors de leur traitement ou conditionnement dans les pays exportateurs. Cette section fait le point sur les catégories de produits les plus à risque, les incidents récents et les recommandations à suivre pour éviter toute non-conformité.
Matières premières végétales les plus sensibles
Certains ingrédients sont systématiquement identifiés comme à haut risque de contamination, en raison :
- De leur origine (zones tropicales à climat humide)
- De leur mode de conditionnement (stockage en vrac, temps de transport long)
- De la sensibilité aux moisissures et à la contamination microbienne
Voici une liste non exhaustive des produits fréquemment testés positifs à l’oxyde d’éthylène :
- Graines de sésame : produit phare du scandale de 2020
- Plantes médicinales et herbes aromatiques séchées (thym, menthe, camomille…)
- Épices en vrac : curcuma, poivre, cumin, coriandre, piment, gingembre
- Fruits secs : figues, raisins, dattes
- Légumes séchés : oignons, ail, tomates séchées
- Noix et fruits à coque : noix de cajou, amandes, pistaches
- Céréales et farines issues de l’agriculture tropicale
- Gomme de guar, gomme arabique et autres épaississants végétaux
À noter : certains compléments alimentaires utilisent ces matières premières comme excipients ou actifs fonctionnels (ex. : psyllium, épices BIO, superaliments), et sont donc eux aussi concernés.
Produits transformés et denrées composites
Les produits finis peuvent également être contaminés si une ou plusieurs de leurs matières premières contiennent des résidus d’oxyde d’éthylène non détectés en amont.
Cela concerne :
- Biscuits et barres céréalières contenant du sésame, des épices ou des noix
- Plats cuisinés végétariens à base de lentilles ou pois chiches
- Boissons végétales enrichies (infusions, thés, jus à base de superaliments)
- Glaces et crèmes contenant des additifs comme la gomme de caroube (E410)
Dans ces cas, la réglementation impose que la LMR la plus basse applicable à l’un des ingrédients soit retenue pour juger de la conformité du produit final.
Les produits BIO transformés sont particulièrement à risque de retrait, car la LMR applicable est fixée à 0,01 mg/kg, sans marge de tolérance.
Cas emblématiques de contamination : le scandale du sésame
L’affaire des graines de sésame importées d’Inde en septembre 2020 reste l’exemple le plus marquant de contamination massive à l’oxyde d’éthylène :
- 268 453 kg de sésame contaminé, avec des taux jusqu’à 186 mg/kg
- Plus de 7 000 références de produits rappelés en Europe
- Plus de 300 marques concernées : Carrefour, Casino, Intermarché, La Vie Claire, Biocoop, etc.
- Détection initiale par la Belgique, puis relais via le système RASFF
Cette crise a mis en lumière les risques liés à l’origine des matières premières, et l’importance de mettre en place des autocontrôles renforcés sur les produits importés. Depuis cet épisode, de nombreux industriels ont revu leur politique de sourcing, renforcé les cahiers des charges fournisseurs et mis en place des analyses systématiques en laboratoire.
Autres secteurs concernés : cosmétique, animal, environnement
a) Produits cosmétiques
L’oxyde d’éthylène peut se retrouver dans des ingrédients cosmétiques végétaux importés, notamment :
- Extraits secs de plantes
- Épaississants et gélifiants naturels
- Huiles essentielles ou hydrolats non certifiés BIO
Les formulations naturelles ou les produits cosmétiques certifiés BIO sont les plus exposés, car les fournisseurs peuvent utiliser des traitements interdits en Europe pour garantir la stabilité microbiologique des matières.
b) Matières premières pour l’alimentation animale
La réglementation européenne interdit toute utilisation d’une matière première contaminée pour l’alimentation des animaux, quelle que soit sa concentration.
Une note de l’AFCA-CIAL et du SNIA (22 octobre 2021) précise que toute détection d’oxyde d’éthylène dans un lot destiné à l’alimentation animale engendre automatiquement sa non-conformité, ainsi que celle de tous les produits qui en découlent.
c) Risques environnementaux indirects
Bien que non utilisé directement en agriculture dans l’UE, l’oxyde d’éthylène peut poser des risques environnementaux en cas de rejet accidentel ou de traitement inapproprié de déchets contenant des résidus (emballages, poudres, eaux de lavage, etc.). Des contrôles spécifiques peuvent être demandés pour les industries soumises à autorisation environnementale.

Quelle est la réglementation en vigueur sur l’oxyde d’éthylène ?
La réglementation autour de l’oxyde d’éthylène est l’une des plus strictes en matière de résidus de contaminants, en raison de son profil toxicologique. Elle s’applique aussi bien aux produits alimentaires, cosmétiques, pharmaceutiques, qu’aux matériaux en contact avec les denrées (MCDA). Dans cette partie, nous présentons les règles européennes et internationales, les limites maximales de résidus (LMR), ainsi que les cas spécifiques comme les produits transformés, les produits BIO, ou les denrées animales.
Une réglementation européenne stricte : règlement (CE) n°396/2005
Le règlement (CE) n°396/2005 constitue le socle réglementaire pour les résidus de pesticides, dont fait partie l’oxyde d’éthylène. Il fixe des limites maximales de résidus (LMR) en fonction de la matrice, c’est-à-dire le type de produit concerné.
La définition du résidu selon le règlement est la suivante :
Oxyde d’éthylène = somme de l’oxyde d’éthylène et du 2-chloroéthanol, exprimée en équivalent oxyde d’éthylène.
Cette approche permet de prendre en compte la dégradation de l’oxyde d’éthylène en 2-chloroéthanol, souvent retrouvé seul ou combiné dans les produits contaminés.
Limites maximales de résidus (LMR) par type de produit
es valeurs ci-dessous sont les seuils à ne pas dépasser, sous peine de non-conformité réglementaire :
Type de produit | LMR réglementaire (mg/kg) |
Graines de sésame, épices, fines herbes | 0,05 mg/kg |
Fruits, légumes, céréales | 0,02 mg/kg |
Thé, infusions | 0,1 mg/kg |
Compléments alimentaires (selon la matrice) | 0,01 à 0,05 mg/kg |
Produits BIO (toutes catégories) | 0,01 mg/kg |
Ces seuils sont fixés à un niveau très bas, souvent équivalent à la limite de quantification analytique, ce qui implique qu’aucune trace mesurable ne doit être détectée dans les produits.
Cas particuliers : produits transformés et denrées composites
Dans le cas de produits transformés ou composites (barres céréalières, plats cuisinés, préparations végétales…), la conformité est évaluée selon les règles suivantes :
- Si un facteur de transformation est connu, il peut être appliqué.
- À défaut, la LMR la plus basse parmi les ingrédients est retenue.
- La somme des résidus (oxyde d’éthylène + 2-chloroéthanol) reste la valeur de référence.
Exemple : une barre de céréales contenant du sésame (LMR : 0,05 mg/kg) et des raisins secs (LMR : 0,02 mg/kg) → la LMR appliquée sera 0,02 mg/kg.
Spécificités pour les produits issus de l’agriculture biologique
La réglementation pour les produits certifiés BIO est encore plus stricte :
- LMR unique : 0,01 mg/kg
- Toute détection, même minime, est considérée comme non-conforme
- L’opérateur doit immédiatement :
- Informer son organisme certificateur
- Retirer le produit du marché
- Informer ses clients
À noter : la non-prise en compte de l’incertitude de mesure dans les décisions de conformité pour les produits BIO est un point très spécifique à la réglementation européenne.
Cas des produits pour l’alimentation animale
Les denrées ou matières premières destinées à l’alimentation animale ne peuvent pas contenir d’oxyde d’éthylène, quelle que soit la dose détectée.
Selon une note conjointe de l’AFCA-CIAL, la Coopération Agricole Nutrition Animale et le SNIA (2021), tout dépassement des seuils réglementaires entraîne l’interdiction de mise sur le marché du lot concerné.
Cela s’applique également aux sous-produits ou coproduits, qui ne peuvent être valorisés ni réutilisés en alimentation animale.
Réglementations internationales : USA
Aux États-Unis, les seuils sont plus élevés que dans l’Union européenne. Par exemple :
- La limite maximale autorisée dans les épices peut atteindre 7 mg/kg
- L’oxyde d’éthylène reste autorisé dans certains procédés de désinfection
Cela implique que des produits importés légalement fabriqués aux USA peuvent être non conformes en Europe, même s’ils respectent les règles locales.
Comment détecter et doser l’oxyde d’éthylène en laboratoire ?
Détecter l’oxyde d’éthylène dans les produits alimentaires, cosmétiques ou pharmaceutiques exige une approche analytique rigoureuse, compte tenu de sa volatilité, de sa toxicité élevée à très faible concentration, et de la nécessité de respecter des limites réglementaires très basses (jusqu’à 0,01 mg/kg).
Les laboratoires utilisent donc des méthodes spécifiques de chromatographie, accréditées ISO 17025, capables de détecter et quantifier à la fois l’oxyde d’éthylène et son métabolite, le 2-chloroéthanol, conformément à la définition réglementaire du résidu.
Techniques analytiques utilisées pour le dosage de l’oxyde d’éthylène
a) Chromatographie en phase gazeuse couplée à la spectrométrie de masse (GC-MS/MS)
GC-MS/MS est aujourd’hui la méthode de référence pour la détection de l’oxyde d’éthylène dans les matrices complexes.
- Elle permet de séparer les composés volatils (oxyde d’éthylène, 2-chloroéthanol)
- Elle assure une quantification précise jusqu’à des niveaux de l’ordre du microgramme par kilo (μg/kg)
- Elle est accréditée COFRAC ISO 17025, garantissant la fiabilité des résultats
- Le temps d’analyse est généralement de 3 à 5 jours ouvrés, avec possibilité de traitement en urgence
Cette méthode est utilisée aussi bien pour les matrices alimentaires (graines, épices, plantes), que cosmétiques (formulations à base de plantes, huiles essentielles) ou environnementales.
b) HS-GCMS (Headspace – GC-MS)
La technique HS-GCMS est une variante optimisée pour les produits sensibles ou semi-solides.
- L’échantillon est chauffé dans une fiole fermée pour libérer les composés volatils
- Les vapeurs sont ensuite analysées par GC-MS
- Elle est idéale pour les cosmétiques, les huiles végétales, les formulations pâteuses, ou les additifs alimentaires (gomme de guar, E410)
Elle permet d’analyser sans contact direct avec l’échantillon liquide, limitant les interférences et assurant une bonne sensibilité analytique.
c) Extraction exhaustive + analyse ciblée
Certains laboratoires proposent des méthodes d’extraction complète de la matrice pour maximiser la récupération des résidus :
- Utilisation de solvants adaptés selon la nature du produit
- Extraction par agitation, chauffage ou micro-ondes
- Analyse en GC-MS/MS après concentration
Cette approche est particulièrement pertinente pour les formulations complexes, ou les produits gras (beurres végétaux, huiles, crèmes).
Validation des méthodes et accréditation ISO 17025
Toute méthode de dosage de l’oxyde d’éthylène doit être :
- Validée analytiquement (limite de détection, linéarité, répétabilité, récupération…)
- Traçable, avec un système de suivi de l’échantillon conforme aux bonnes pratiques
- Réalisée dans un laboratoire accrédité ISO 17025 pour garantir la validité réglementaire des résultats
Cas d’application : autocontrôle et conformité
Les analyses sont demandées dans différents contextes industriels :
- Contrôle qualité des matières premières à réception (graines, épices, poudres)
- Vérification de la conformité réglementaire avant mise sur le marché
- Analyse de produits BIO soumis à des règles plus strictes
- Études de migration pour les emballages et matériaux au contact des denrées (tests selon le règlement CE n° 1935/2004)
Les industriels du secteur agroalimentaire, cosmétique ou nutraceutique peuvent intégrer ces analyses dans leur plan de contrôle ou leur plan HACCP, notamment pour les produits importés.
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