Tout matériau destiné à entrer en contact avec des aliments doit faire l’objet d’un test de migration afin de vérifier que sa composition ne présente aucun danger pour la santé du consommateur. Pourtant, de nombreuses substances présentes dans les emballages (plastiques, papiers, colles, vernis ou encres) peuvent migrer vers les denrées alimentaires lors du stockage ou du chauffage. C’est pour prévenir ces risques que les tests de migration sont devenus un pilier des analyses en laboratoire, à la croisée des exigences réglementaires et des impératifs de sécurité alimentaire.
Cet article présente en profondeur les objectifs, les méthodes et le cadre réglementaire des essais de migration, en mettant en lumière les solutions proposées par YesWeLab pour garantir la conformité des matériaux d’emballage.
Table des matières
Pourquoi réaliser des tests de migration ?
Protéger la santé des consommateurs
Les matériaux d’emballage, bien qu’extérieurs aux aliments, ne sont jamais totalement inertes. Au fil du temps, certaines substances peuvent se libérer de ces matériaux et migrer dans l’aliment, modifiant potentiellement sa composition chimique. Ces transferts sont souvent imperceptibles à l’œil nu ou au goût, mais peuvent représenter un risque réel pour la santé humaine.
Parmi les substances susceptibles de migrer, on retrouve :
- Des monomères résiduels, issus de la fabrication des plastiques (ex. : styrène, acrylonitrile),
- Des plastifiants, comme les phtalates, utilisés pour assouplir les matériaux,
- Des métaux lourds, présents dans les encres ou les colles,
- Des amines aromatiques ou des nitrosamines, issues de certains colorants ou élastomères.
La migration de ces composés peut entraîner des effets toxiques à long terme, comme des perturbations endocriniennes, des troubles du foie, voire des risques cancérogènes. La réalisation de tests de migration est donc indispensable pour s’assurer que les niveaux de transfert restent bien en dessous des seuils tolérés par la législation.
Répondre à des obligations réglementaires strictes
En Europe, les matériaux destinés à entrer en contact avec des denrées alimentaires doivent respecter un cadre réglementaire particulièrement rigoureux. Le règlement (CE) n° 1935/2004 constitue le socle de cette législation. Il impose que tout matériau au contact alimentaire :
- Ne libère pas de substances dans des quantités susceptibles de nuire à la santé humaine,
- Ne modifie pas la composition des aliments,
- Ne détériore pas leurs propriétés organoleptiques (goût, odeur, texture).
Ce règlement est complété par le règlement (UE) n° 10/2011, qui s’applique spécifiquement aux matériaux plastiques. Il définit des limites de migration globale (≤ 10 mg/dm² de matériau) et des limites de migration spécifique pour plus de 900 substances.
En parallèle, les normes d’essai comme la norme EN 1186 décrivent les conditions expérimentales à respecter pour mesurer la migration. Les essais doivent être effectués par des laboratoires accrédités selon la norme ISO 17025, ce qui garantit la fiabilité et la reproductibilité des résultats.
Au niveau international, la FDA (Food and Drug Administration) fixe également des exigences pour les matériaux commercialisés aux États-Unis. Les industriels exportateurs doivent donc anticiper des tests de migration adaptés à chaque marché cible.
Sécuriser la mise sur le marché et éviter les rappels
La non-conformité d’un emballage peut avoir des conséquences lourdes : retrait de lots, rappels produits, sanctions administratives, perte de confiance des consommateurs, voire atteinte à la réputation de la marque. Dans certains cas, les entreprises doivent revoir leur formulation, modifier le matériau d’emballage ou changer de fournisseur, ce qui génère des coûts importants.
Réaliser des tests de migration en amont permet :
- De valider la conformité avant la commercialisation d’un nouveau produit,
- De réduire les risques de non-conformité en anticipant les interactions entre emballage et denrées,
- D’assurer une traçabilité complète des analyses, indispensable en cas de contrôle ou d’audit réglementaire.
S’inscrire dans une démarche qualité et RSE
Au-delà des obligations réglementaires, les tests de migration participent à une démarche globale de qualité et de responsabilité sociétale des entreprises (RSE). Ils permettent de garantir aux consommateurs des emballages sûrs, respectueux de la santé et conformes aux attentes environnementales. Certaines entreprises choisissent d’aller au-delà des exigences minimales, en intégrant systématiquement des contrôles de migration dans leurs protocoles de validation packaging.
Dans ce cadre, YesWeLab accompagne les industriels de tous secteurs — agroalimentaire, cosmétique, nutraceutique — dans la gestion rigoureuse de la conformité de leurs emballages grâce à une plateforme digitale et un réseau de plus de 200 laboratoires partenaires.

Les différents types de migration analysés en laboratoire
Lorsqu’un matériau est mis en contact avec une denrée alimentaire, il peut libérer une ou plusieurs substances dans cette denrée. Pour évaluer ce phénomène, les laboratoires distinguent plusieurs types de migration, qui ne mesurent pas les mêmes choses. Ces analyses sont complémentaires et permettent une évaluation précise du comportement du matériau dans des conditions simulant l’usage réel.
Migration globale : évaluer l’inertie du matériau
La migration globale mesure la quantité totale de substances qui migrent d’un matériau vers un aliment, sans distinguer la nature chimique de ces substances. Elle est exprimée en mg de matière libérée par kg d’aliment (mg/kg) ou par dm² de surface de contact (mg/dm²).
L’objectif de cette analyse est de vérifier l’inertie chimique du matériau, c’est-à-dire sa capacité à ne pas interagir avec les aliments. Plus le chiffre est faible, plus le matériau est considéré comme stable et adapté à un usage alimentaire.
Selon le règlement (UE) n° 10/2011, la limite de migration globale autorisée est fixée à 10 mg/dm² pour les matériaux plastiques.
Exemple :
Un film plastique destiné à l’emballage de fromages est soumis à un test de migration globale. Le laboratoire utilise un simulant gras (huile végétale) pour reproduire les conditions réelles d’utilisation. Le test révèle une migration totale de 7,2 mg/dm², ce qui est inférieur à la limite réglementaire : le matériau est donc considéré conforme pour cet usage.
Cette méthode est particulièrement utile en phase de développement de nouveaux emballages, pour comparer l’inertie de plusieurs formulations, ou pour valider des matériaux recyclés.
Migration spécifique : cibler les substances à risque
Contrairement à la migration globale, la migration spécifique vise à mesurer la quantité d’une substance donnée qui migre vers l’aliment. Cette approche est nécessaire pour contrôler des substances réglementées dont la présence au-delà d’un certain seuil pourrait présenter un danger pour le consommateur.
Parmi les substances fréquemment analysées :
- Bisphénol A (BPA) : perturbateur endocrinien interdit dans certains usages (biberons, tickets thermiques),
- Phtalates : plastifiants soupçonnés d’effets reprotoxiques,
- Amines aromatiques : issues de certains colorants ou additifs,
- Styrène, acrylonitrile : monomères de résines plastiques,
- Formaldéhyde : composé volatile présent dans certaines colles ou papiers.
Chaque substance est associée à une limite de migration spécifique (LMS) définie dans les annexes du règlement (UE) 10/2011. Par exemple, la LMS du formaldéhyde est fixée à 15 mg/kg d’aliment.
Techniques d’analyse :
Pour détecter et quantifier ces substances, les laboratoires utilisent des méthodes sensibles et sélectives, telles que :
- HPLC (chromatographie liquide haute performance),
- GC-MS (chromatographie en phase gazeuse avec spectrométrie de masse),
- ICP-OES (spectrométrie à plasma pour les métaux).
Ces tests sont réalisés après une étape de contact entre le matériau et un simulant alimentaire (eau, acide, huile…) pendant un temps et à une température définis. Les résultats obtenus sont ensuite comparés aux limites réglementaires.
Les substances émergentes sous surveillance : focus sur les PFAS
Les PFAS (substances per- et polyfluoroalkylées) forment une famille de plus de 4 700 composés synthétiques, utilisés pour leurs propriétés antiadhésives, imperméables et résistantes à la chaleur. On les retrouve notamment dans :
- Les emballages résistants à la graisse (papiers, cartons, barquettes),
- Les revêtements de cuisson (films, poêles, plaques),
- Certains textiles techniques ou matériaux composites.
Ces substances sont aujourd’hui dans le viseur des autorités sanitaires en raison de leur persistence dans l’environnement et de leurs effets potentiellement nocifs sur la santé : troubles hormonaux, immunitaires, métaboliques.
À ce jour, les PFAS ne font pas encore tous l’objet de limites de migration spécifiques (sauf dans certains cas, comme pour le papier et le carton). Toutefois, le règlement cadre (CE) n° 1935/2004, dans son article 3, stipule que tout transfert de substance ne doit pas présenter de risque pour la santé humaine. En conséquence, de plus en plus de fabricants anticipent cette évolution en demandant aux laboratoires des analyses ciblées de PFAS dans leurs matériaux d’emballage.
Une approche complémentaire pour une sécurité renforcée
Les tests de migration globale et spécifique sont complémentaires. Un matériau peut présenter une migration globale faible, mais relâcher une substance dangereuse en quantité supérieure aux seuils réglementaires. Inversement, une migration globale plus élevée peut être constituée de composés inoffensifs.
Pour cette raison, il est recommandé de combiner les deux types d’analyses, en particulier dans les cas suivants :
- Nouvel emballage ou changement de formulation,
- Réutilisation de matériaux recyclés ou multicouches,
- Exportation vers plusieurs zones géographiques avec des réglementations différentes.
L’approche analytique choisie dépendra aussi des résultats d’une analyse documentaire (fiche technique fournisseur, déclaration de conformité, etc.) et d’une analyse de risque fondée sur l’usage prévu du matériau.
YesWeLab propose une évaluation complète de la migration des matériaux grâce à une offre combinée d’analyses globales et spécifiques, en conformité avec les réglementations européennes et internationales. Grâce à son réseau de laboratoires spécialisés, les industriels bénéficient d’un accompagnement scientifique et réglementaire sur mesure.
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Méthodologie des tests de migration en laboratoire
Les tests de migration suivent une méthodologie normalisée et rigoureuse pour garantir la fiabilité des résultats. Chaque étape du processus est encadrée par des normes précises afin de simuler au mieux les conditions réelles d’utilisation des matériaux au contact des denrées alimentaires. Cette méthodologie repose sur le choix du simulant, la définition des conditions expérimentales (temps, température, surface de contact) et l’analyse des substances extraites.
Le choix des simulants alimentaires
Les simulants alimentaires sont des substances liquides standardisées utilisées pour reproduire le comportement de différents types d’aliments lors des essais de migration. Ils permettent d’évaluer la capacité d’un matériau à libérer des substances chimiques lorsqu’il est en contact avec une denrée alimentaire donnée.
Le choix du simulant dépend de la nature physico-chimique de l’aliment ciblé : aqueux, acide, gras, alcoolisé, ou mixte. Voici les principaux simulants définis par le règlement (UE) n° 10/2011 :
Simulant | Type d’aliment représenté |
Eau distillée | Aliments aqueux (fruits, légumes, boissons) |
Acide acétique 3 % | Aliments acides (jus de fruit, sauces, vinaigre) |
Éthanol 10 % | Aliments aqueux hydrophiles ou faiblement alcoolisés |
Éthanol 20 à 50 % | Aliments alcoolisés ou gras (crèmes, sauces) |
Huile végétale ou iso-octane | Aliments gras (charcuteries, fromages, plats préparés) |
Le choix du bon simulant est crucial, car une mauvaise correspondance peut entraîner une sous-estimation ou une surestimation des migrations. Dans certains cas complexes (aliments combinés ou transformés), une approche comparative peut être utilisée avec plusieurs simulants successifs.
Définition des conditions de contact : température, durée, surface
Les conditions de contact lors des tests sont établies de manière à reproduire fidèlement les scénarios d’utilisation réelle du matériau. Ces paramètres sont définis par la directive 82/711/CEE, qui établit des tableaux de correspondance entre les types d’usage et les conditions expérimentales.
Parmi les paramètres essentiels :
- Température de contact : variable selon l’usage du matériau (réfrigération, température ambiante, cuisson). Elle peut aller de 5 °C à 121 °C.
- Durée de contact : de quelques minutes à plusieurs jours (jusqu’à 10 jours pour les matériaux destinés au stockage longue durée).
- Surface de contact : la quantité de matériau testée est exprimée en dm², et mise en rapport avec un volume ou une masse d’aliment standard.
Exemple :
Un film plastique destiné à l’emballage de plats cuisinés réchauffés au micro-ondes est testé à 70 °C pendant 2 heures, avec un rapport surface/volume de 1 dm²/100 mL de simulant.
Ces conditions sont strictement encadrées, car elles influencent fortement le comportement du matériau. Une température trop élevée ou une durée trop longue peut amplifier artificiellement la migration, tandis qu’un test sous-estimé ne garantit pas la sécurité réelle du matériau.
Préparation des échantillons et protocole d’analyse
Une fois les paramètres définis, le laboratoire prépare les échantillons de manière à respecter la surface de contact standardisée (généralement 1 dm²). Le matériau est plongé ou mis en contact avec le simulant choisi, dans un récipient inerte (verre, PTFE), hermétique, placé dans un environnement thermorégulé.
Après la phase de contact, le simulant est analysé selon la nature des substances attendues :
- Dosage global : évaporation du simulant et pesée des résidus secs (migration globale),
- Dosage spécifique : extraction et analyse par chromatographie (HPLC, GC-MS), spectrophotométrie, ou spectrométrie ICP.
Chaque analyse est réalisée avec des étalons de calibration, des blancs analytiques, et des répétitions pour assurer la reproductibilité et l’exactitude des résultats.
Le laboratoire rédige ensuite un rapport d’analyse détaillé, indiquant :
- Les substances détectées,
- Les quantités mesurées,
- La conformité aux limites de migration,
- Les normes utilisées pour les essais.
Fiabilité des résultats : normes ISO et accréditations
Pour garantir la fiabilité et la reconnaissance des résultats obtenus, les essais de migration doivent être réalisés selon les exigences de la norme ISO 17025, qui définit les critères de compétence des laboratoires d’essais et d’étalonnage. En France, cette norme est complétée par l’accréditation COFRAC, qui atteste de la conformité des méthodes employées et de la rigueur du système qualité du laboratoire.
La norme ISO 17025 impose notamment :
- Une traçabilité totale des échantillons et des résultats,
- Des méthodes d’essai validées selon les bonnes pratiques,
- Des contrôles qualité internes et externes réguliers,
- Une gestion documentaire stricte et des audits périodiques.
Les résultats émis par un laboratoire accrédité sont juridiquement opposables et reconnus par les autorités sanitaires et les organismes de certification, ce qui constitue un gage de sérieux pour les industriels.
YesWeLab travaille exclusivement avec des laboratoires accrédités ISO 17025 et/ou COFRAC, sélectionnés pour leur expertise sectorielle. Grâce à son interface digitale, YesWeLab facilite la traçabilité, la récupération sécurisée des résultats, et la conformité réglementaire des dossiers techniques, essentiels en cas d’audit qualité ou de contrôle officiel.

Techniques analytiques utilisées pour les tests de migration
Les essais de migration reposent sur une combinaison de protocoles normés et de techniques analytiques de pointe. Leur objectif est de mesurer précisément les substances libérées par les matériaux en contact avec les aliments, qu’il s’agisse d’une migration globale ou spécifique. Pour y parvenir, les laboratoires utilisent des méthodes physico-chimiques sophistiquées, capables de détecter des traces infimes de composés dans des matrices complexes. Cette rigueur scientifique permet de garantir la fiabilité des résultats et de démontrer la conformité des matériaux face aux exigences réglementaires.
La chromatographie liquide haute performance (HPLC)
La chromatographie liquide haute performance (HPLC) est l’une des méthodes les plus utilisées en laboratoire pour analyser les migrations spécifiques. Elle permet de séparer, identifier et quantifier des composés chimiques présents en très faibles concentrations dans un liquide (simulant alimentaire, extrait d’emballage, etc.).
Principe :
Le mélange analysé est injecté dans une colonne chromatographique remplie d’une phase stationnaire. Les différentes molécules interagissent plus ou moins avec cette phase, ce qui provoque leur séparation au cours de l’élution. Un détecteur (généralement UV ou fluorimétrique) mesure ensuite leur concentration.
Avantages :
- Très grande précision et sensibilité,
- Adaptée à une large gamme de substances (phtalates, bisphénol A, amines…),
- Compatible avec des matrices complexes, comme les simulants gras ou alcoolisés.
Exemple d’application :
L’analyse du formaldéhyde ou des amines aromatiques dans des emballages plastiques ou des revêtements imprimés est couramment réalisée par HPLC, en particulier dans les secteurs alimentaire et cosmétique.

La chromatographie en phase gazeuse couplée à la spectrométrie de masse (GC-MS)
La chromatographie en phase gazeuse permet d’analyser les composés volatils ou semi-volatils, tels que les solvants résiduels, les hydrocarbures aromatiques, ou les monomères non réactifs. Lorsqu’elle est couplée à la spectrométrie de masse (GC-MS), elle offre une identification extrêmement précise des molécules.
Principe :
Après extraction, l’échantillon est vaporisé puis injecté dans une colonne chauffée. Les substances sont séparées selon leur volatilité. À la sortie, un spectromètre de masse les identifie selon leur signature moléculaire unique.
Avantages :
- Très grande spécificité et sensibilité,
- Permet de confirmer l’identité exacte des substances migrantes,
- Recommandée pour les analyses réglementaires exigeantes, notamment dans le cas des substances CMR (cancérogènes, mutagènes, reprotoxiques).
Exemple d’application :
Le dosage du styrène, du chlorure de vinyle, ou des substances odorantes issues de l’impression ou du collage est souvent confié à la GC-MS.
La spectrométrie d’émission optique à plasma inductif (ICP-OES)
La spectrométrie ICP-OES est utilisée pour quantifier les éléments métalliques présents dans les matériaux, en particulier les métaux lourds (plomb, cadmium, mercure, arsenic, nickel, chrome). Ces éléments peuvent provenir des pigments, des additifs stabilisants ou des encres.
Principe :
L’échantillon est minéralisé et introduit dans un plasma à très haute température (environ 10 000 K). Les atomes émettent une lumière caractéristique qui est analysée par spectrométrie optique.
Avantages :
- Détection multielementaire simultanée,
- Très faible limite de détection (niveau trace),
- Convient à la migration spécifique des métaux dans les matériaux céramiques, métalliques ou plastiques.
Exemple d’application :
Dans les matériaux à base de verre ou d’émail, la détection du plomb ou du cadmium est obligatoire selon la directive 84/500/CEE. Ces analyses sont aussi essentielles pour les objets décorés (gobelets imprimés, vaisselle…).
Les méthodes complémentaires : spectrophotométrie, titrage, gravimétrie
D’autres méthodes peuvent compléter les techniques chromatographiques et spectrométriques selon les objectifs de l’analyse ou les ressources disponibles :
- Spectrophotométrie UV-Vis : méthode rapide pour estimer la concentration de substances absorbant dans l’UV (formaldéhyde, phtalates, colorants).
- Titrage acide-base : encore utilisé pour des substances simples ou pour des contrôles de routine (acide acétique, migration d’ions).
- Gravimétrie : technique de référence pour la migration globale, consistant à évaporer le simulant et à peser les résidus restants.
Ces techniques, bien que plus simples, restent normées et très utiles dans les analyses de routine, notamment dans les laboratoires internes à certaines industries.
Exemple de protocole inspiré des tests sur l’acide malique
Pour illustrer la rigueur des analyses de migration, on peut s’inspirer d’un protocole utilisé pour mesurer la concentration d’acide malique dans des produits alimentaires, également utilisé dans l’analyse de matériaux :
- Préparation de l’échantillon : extraction dans un simulant aqueux ou alcoolisé.
- Filtration : élimination des particules et stabilisation de la solution.
- Analyse par HPLC : séparation et détection UV à 210 nm.
- Quantification : comparaison avec une courbe d’étalonnage.
- Vérification de conformité : comparaison avec les seuils de migration établis.
Ce type de protocole, commun aux laboratoires spécialisés, montre à quel point la maîtrise analytique est indispensable pour garantir la sécurité des emballages alimentaires. Les techniques utilisées dans le cadre des tests de migration sont identiques à celles déployées pour analyser des additifs alimentaires, des résidus de pesticides ou des contaminants environnementaux.
YesWeLab met à disposition des industriels un accès simplifié à ces technologies avancées, en s’appuyant sur un réseau de laboratoires partenaires équipés des dernières générations d’instruments analytiques. Cette approche permet de combiner expertise scientifique, respect des normes, et efficacité opérationnelle.

Tests de migration : quels matériaux sont concernés ?
Tous les matériaux destinés à entrer en contact avec des denrées alimentaires peuvent potentiellement libérer des substances dans les aliments, en fonction de leur composition chimique, de leur structure, ou des traitements de surface qu’ils ont subis. C’est pourquoi les tests de migration ne se limitent pas aux plastiques, mais concernent un large éventail de matériaux utilisés dans l’emballage, la transformation, ou la présentation des produits alimentaires. Chaque type de matériau présente des particularités analytiques et réglementaires qu’il convient de connaître pour garantir la sécurité des consommateurs.
Les matériaux plastiques
Les plastiques sont les matériaux les plus fréquemment utilisés dans les emballages alimentaires : films, barquettes, bouteilles, bouchons, opercules… Ils peuvent être constitués de différentes résines (PET, PE, PP, PVC, PS…) et contenir de nombreux additifs : plastifiants, antioxydants, stabilisants, pigments, agents antistatiques.
Ces matériaux sont régis par le règlement (UE) n° 10/2011, qui impose :
- Une liste positive des substances autorisées,
- Des limites de migration globale et spécifique,
- L’obligation d’établir une déclaration de conformité.
Les tests de migration sur les plastiques sont essentiels pour vérifier la présence de monomères résiduels, de phtalates, de bisphénol A, ou encore de nanoadditifs dans les nouveaux matériaux.
Particularités :
- Matériaux souvent multicouches, avec des couches barrières ou adhésives,
- Migration influencée par le type d’aliment (gras, acide), la température, et la durée de contact,
- Usage fréquent de simulants huileux ou alcoolisés.
Les métaux et alliages
Les métaux (aluminium, acier inoxydable, étain…) sont utilisés dans les conserves, les canettes, les capsules, ou les ustensiles de cuisine. Les risques de migration concernent notamment :
- Les métaux lourds (plomb, cadmium, nickel),
- Les revêtements intérieurs (laques, vernis) qui peuvent se dégrader avec le temps.
Ces matériaux doivent répondre à des exigences strictes en matière de corrosion et de résistance chimique. Les tests de migration spécifiques visent à quantifier les éléments métalliques selon les limites définies par la directive 2002/72/CE, la directive 84/500/CEE (pour le verre et la céramique) et les lignes directrices du Conseil de l’Europe pour les métaux en contact alimentaire.
Particularités :
- Analyse par ICP-OES pour quantifier les métaux,
- Tests de migration réalisés avec acide acétique 3 % pour simuler un aliment acide,
- Importance de l’état de surface (oxydation, polissage, revêtements).
Les papiers, cartons et bois
Les papiers et cartons sont de plus en plus utilisés pour remplacer les plastiques, notamment dans les emballages à usage unique. Bien qu’ils soient perçus comme plus écologiques, ces matériaux peuvent contenir :
- Des colles ou liants synthétiques,
- Des encres ou revêtements barrières (PE, aluminium, vernis),
- Des résidus de fabrication (blanchiment, solvants, PFAS).
Le cadre réglementaire européen pour ces matériaux n’est pas encore harmonisé au niveau communautaire, mais certains États membres (France, Allemagne, Pays-Bas) ont mis en place leurs propres exigences. En l’absence de réglementation européenne spécifique, le règlement cadre (CE) n° 1935/2004 reste la base de référence.
Le bois, utilisé pour des planches à découper, couverts ou emballages spécifiques, est également concerné, en particulier lorsqu’il est traité ou verni.
Particularités :
- Tests de migration nécessaires pour les matériaux recyclés,
- Présence potentielle de substances non intentionnellement ajoutées (NIAS),
- Surveillance accrue des PFAS, même en l’absence de limites de migration spécifiques.
Les encres, colles, vernis et adhésifs
Les encres d’impression, colles, vernis et adhésifs sont omniprésents dans les emballages, en particulier pour les étiquettes, les opercules imprimés, les multicouches ou les systèmes de fermeture. Ils contiennent de nombreux ingrédients : solvants, photo-initiateurs, résines, pigments, agents de durcissement.
Même s’ils ne sont pas en contact direct avec l’aliment, des phénomènes de migration par diffusion ou migration inversée peuvent survenir, notamment à travers des matériaux perméables ou par transfert au moment de l’empilage.
Les tests de migration spécifique sont donc essentiels pour :
- Détecter les amines aromatiques, photo-initiateurs, acryliques, solvants résiduels,
- Évaluer les composés organiques volatils (COV),
- Vérifier la conformité avec les bonnes pratiques de fabrication (BPF) prévues par le règlement (CE) n° 2023/2006.
Particularités :
- Usage de simulants mixtes ou gras selon les conditions d’usage,
- Analyse pointue en GC-MS, HPLC-UV, ou spectrophotométrie,
- Evaluation nécessaire dès la conception des matériaux imprimés.
Les matériaux céramiques, en verre et en émail
Les matériaux inorganiques comme le verre, la céramique ou l’émail sont utilisés dans la vaisselle, les plats, les bocaux, ou les contenants de cuisson. Bien qu’ils soient perçus comme stables, ils peuvent libérer certains éléments toxiques lors du contact alimentaire, notamment le plomb ou le cadmium, en particulier dans les objets décorés ou colorés.
Ces matériaux sont encadrés par la directive 84/500/CEE, qui fixe les limites de migration des métaux lourds pour les matériaux céramiques.
Particularités :
- Tests réalisés avec de l’acide acétique 4 % à 22 °C pendant 24 heures,
- Migration exprimée en mg/dm² ou en mg par article,
- Nécessité de contrôler les objets artisanaux ou importés, souvent non conformes.

Interprétation des résultats de migration
Réaliser un test de migration est une étape cruciale, mais encore faut-il savoir interpréter correctement les résultats pour en tirer des conclusions fiables et prendre des décisions réglementaires ou industrielles appropriées. Cette partie vise à expliquer comment les données issues des analyses sont exploitées, quels sont les seuils de conformité à respecter, et quelles actions peuvent être mises en œuvre en cas de dépassement des limites autorisées.
Les critères de conformité réglementaire
Les résultats des tests de migration sont généralement exprimés en mg/kg d’aliment ou en mg/dm² de matériau. Ils doivent être comparés aux limites maximales de migration définies par les règlements en vigueur, principalement :
- Le règlement (UE) n° 10/2011 pour les plastiques,
- Le règlement cadre (CE) n° 1935/2004 pour tous les matériaux en contact avec les aliments,
- La directive 84/500/CEE pour les céramiques et le verre,
- Les lignes directrices FDA pour les matériaux commercialisés aux États-Unis.
Limites réglementaires courantes :
- Migration globale : ≤ 10 mg/dm² de surface de contact (ou 60 mg/kg d’aliment pour les articles destinés aux enfants),
- Migration spécifique : seuils variables selon la substance. Par exemple :
- Formaldéhyde : ≤ 15 mg/kg,
- Bisphénol A : ≤ 0,05 mg/kg (valeur fortement réduite dans l’UE),
- Plomb (dans les céramiques) : ≤ 0,8 mg/dm².
Chaque résultat est interprété en tenant compte :
- Du type de simulant utilisé,
- De la durée et de la température de contact,
- Du rapport surface/volume appliqué,
- Du type de matériau et de son usage final.
Un matériau est considéré comme conforme si toutes les valeurs mesurées sont inférieures aux seuils réglementaires. Dans le cas contraire, il est nécessaire de corriger la formulation ou de restreindre l’usage du produit.
Dépasser un seuil : que faire ?
Lorsqu’un test révèle une migration supérieure à la limite autorisée, l’industriel ne peut pas commercialiser son produit tel quel. Plusieurs options sont alors envisageables pour corriger la situation :
- Reformulation du matériau : remplacement d’un additif problématique par une alternative plus stable ou moins migrante,
- Modification du design : ajout d’une couche barrière pour limiter le transfert de substances,
- Changement de fournisseur : certains matériaux peuvent présenter des variations significatives de qualité,
- Réduction de la durée ou température d’usage : par exemple, interdire l’usage d’un contenant au four à micro-ondes si la migration s’accroît avec la chaleur,
- Nouvelle validation analytique : après modification, de nouveaux tests doivent être réalisés pour prouver la conformité du matériau.
Il est également recommandé de documenter chaque étape de correction et de conserver les rapports d’analyse, pour répondre aux éventuelles demandes des autorités compétentes.
Migrants inattendus : les NIAS
Les NIAS (Non Intentionally Added Substances) représentent un défi croissant dans l’interprétation des tests de migration. Il s’agit de substances non déclarées, présentes de manière imprévue dans le matériau, par exemple :
- Résidus de fabrication ou de polymérisation,
- Produits de dégradation thermique,
- Contaminants issus du recyclage,
- Interactions chimiques entre composants.
Les NIAS ne figurent pas toujours dans les listes réglementaires et peuvent ne pas être associées à une limite spécifique. Toutefois, le règlement (CE) n° 1935/2004 impose que tout composé migrant soit sans danger pour la santé.
Stratégie analytique recommandée :
- Screening analytique par GC-MS ou LC-MS à large spectre,
- Évaluation toxicologique basée sur les seuils de préoccupation toxicologique (TTC),
- Démarche de gestion du risque en lien avec la nature, l’exposition, et la fréquence d’usage.
YesWeLab propose des analyses exploratoires avancées pour identifier les NIAS et évaluer leur impact potentiel sur la sécurité du produit.
Traçabilité et documentation réglementaire
L’un des principaux objectifs des tests de migration est de fournir une preuve objective de conformité. Les résultats doivent être intégrés dans un dossier technique, généralement exigé par les clients, les auditeurs qualité ou les autorités.
Ce dossier doit comprendre :
- La déclaration de conformité du fabricant ou du transformateur,
- Le rapport d’analyse du laboratoire accrédité (avec conditions, résultats, normes),
- La traçabilité des matières premières et des additifs utilisés,
- Les fiches de données de sécurité des substances potentiellement migrantes.
En cas de contrôle, ce dossier constitue une preuve de diligence et permet de démontrer que l’industriel a pris toutes les précautions nécessaires pour garantir la sécurité de ses emballages.