L’Assemblée nationale a voté, en novembre 2025, un amendement visant à rendre obligatoire l’affichage du Nutri-Score sur la majorité des denrées alimentaires préemballées, marquant une étape importante dans la politique de transparence nutritionnelle. Bien que la mesure ne soit pas encore définitivement adoptée, son adoption probable oblige déjà les industriels à anticiper les impacts techniques, réglementaires et économiques de cette évolution. Entre révision récente de l’algorithme (mars 2025), durcissement des critères nutritionnels et exclusions partielles pour certains produits sous signes de qualité (AOP, AOC, IGP), la filière agroalimentaire se retrouve à un tournant stratégique.
Cet article analyse les enjeux de cette obligation potentielle, ses implications pour les fabricants, et la manière dont YesWeLab peut accompagner les entreprises dans la mise en conformité, la reformulation et la maîtrise de leur étiquetage nutritionnel.
Table des matières
Le Nutri-Score : rappel réglementaire et cadre européen
Du règlement INCO à l’affichage nutritionnel simplifié
L’encadrement réglementaire de l’information nutritionnelle en Europe repose sur le règlement UE n°1169/2011 (INCO), qui harmonise depuis 2011 l’étiquetage des denrées alimentaires sur l’ensemble du territoire européen. Pour un diagnostic fiable, il est indispensable de réaliser une analyse nutritionnelle complète. Ce texte constitue le fondement de toutes les obligations actuelles en matière d’information au consommateur, notamment la déclaration nutritionnelle obligatoire, la liste des ingrédients, les allergènes, les quantités nettes ou encore l’identification de l’exploitant.
Depuis son entrée en vigueur en 2016 en France, le règlement INCO assure une base commune, mais ne prescrit pas la manière dont ces informations doivent être rendues plus accessibles. C’est précisément dans ce cadre que s’inscrit le Nutri-Score : une présentation volontaire complémentaire à la déclaration nutritionnelle, autorisée par les articles 35 à 37 du règlement INCO.
Ainsi, le Nutri-Score n’a pas vocation à remplacer les informations obligatoires : il en constitue une interprétation visuelle simplifiée, conçue pour faciliter la compréhension par le grand public. Notre article existant sur l’étiquetage INCO souligne déjà ces obligations structurantes ; l’évolution actuelle s’inscrit comme un prolongement logique des normes européennes.
Nutri-Score : objectif, fonctionnement, historique
Créé à la demande du Ministère des Solidarités et de la Santé, le Nutri-Score a été développé par Santé publique France, avec l’appui de l’ANSES, du HCSP et des travaux de l’équipe du Pr Serge Hercberg. Déployé pour la première fois en 2017, il se base sur une échelle de A à E et de vert foncé à orange foncé, reflétant la qualité nutritionnelle d’un produit selon :
les nutriments à limiter : énergie, acides gras saturés, sucres, sel,
les éléments à favoriser : fibres, protéines, fruits et légumes, légumineuses.
Son adoption s’est ensuite étendue :
Belgique
Allemagne
Suisse
Espagne
Pays-Bas
Luxembourg
Ces pays ont mis en place un mécanisme de coordination transnational visant à uniformiser les usages et faciliter le déploiement du Nutri-Score à l’échelle européenne.
Malgré une adoption d’abord volontaire, la dynamique réglementaire et politique montre une tendance nette vers la généralisation de l’outil, notamment en contexte français où le dispositif gagne en importance après la révision de 2025.
Gouvernance transnationale, révisions et évolutions
Afin d’assurer une cohérence scientifique et opérationnelle entre pays, un comité de pilotage et un comité scientifique transnational ont été créés dès 2021. Leur rôle : coordonner la mise en œuvre du Nutri-Score, analyser les données de consommation, intégrer les retours des industriels et adapter l’algorithme en fonction des avancées scientifiques.
À partir de 2021, plusieurs appels à contributions ont permis aux opérateurs économiques et aux associations de consommateurs d’exprimer leurs besoins concernant d’éventuelles évolutions du modèle.
Ces travaux ont conduit le comité scientifique à proposer des modifications majeures en :
2022 pour les aliments solides,
2023 pour les boissons.
Les objectifs :
renforcer la cohérence du Nutri-Score avec les recommandations nutritionnelles nationales et européennes ;
mieux classer les produits selon leur profil nutritionnel réel ;
intégrer les innovations et reformulations des industriels.
Les changements ont été adoptés par les sept pays engagés et progressivement mis en œuvre. Le nouvel algorithme est entré en vigueur :
le 1er janvier 2024 dans plusieurs pays européens (Allemagne, Belgique, Suisse, Pays-Bas),
le 5 mars 2024 au Luxembourg,
et le 16 mars 2025 en France, via la publication de l’arrêté officiel.
Cette révision a entraîné une dégradation notable des notes pour de nombreuses catégories : aliments sucrés, produits gras, boissons édulcorées ou aromatisées, charcuterie, etc. Les industriels ont dû ajuster leurs formulations et revoir leur stratégie d’affichage afin de limiter l’impact sur leurs gammes.
Ces changements constituent le contexte essentiel dans lequel s’inscrit le débat actuel sur la possible obligation du Nutri-Score, désormais au cœur des discussions parlementaires françaises.
Actualité 2025–2026 : vers une obligation du Nutri-Score en France ?
Le vote du 7–8 novembre 2025 : ce qui a été adopté
Dans la nuit du 7 au 8 novembre 2025, l’Assemblée nationale a adopté, dans le cadre du projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) 2026, un amendement visant à rendre obligatoire l’affichage du Nutri-Score sur les emballages alimentaires.
Cette adoption, réalisée à main levée, résulte d’amendements portés par des députés socialistes et écologistes, dont l’objectif commun était de garantir aux consommateurs une information nutritionnelle claire et directement comparable entre produits.
La députée écologiste Sabrina Sebaihi a défendu cette mesure en soulignant l’intérêt de rendre systématique un indicateur aujourd’hui volontaire, afin de « permettre au consommateur de choisir en connaissance de cause ». Les débats ont également mis en lumière l’argument selon lequel certaines grandes marques – notamment dans les boissons et les produits sucrés – ne se sont jamais engagées dans l’affichage volontaire.
L’amendement prévoit par ailleurs une sanction financière en cas d’absence d’affichage, équivalente à 5 % du chiffre d’affaires, destinée à être versée à l’Assurance maladie. Si cet élément fait encore débat, il illustre la volonté de renforcer le poids réglementaire du dispositif.
Produits exclus du dispositif : AOP, AOC, IGP et signes de qualité
Un sous-amendement porté par le député Renaissance Jean-François Rousset introduit une exception importante : les produits bénéficiant d’un signe national ou européen de qualité ne seraient pas soumis à l’obligation.
Sont notamment concernés :
AOP (Appellation d’origine protégée)
AOC (Appellation d’origine contrôlée)
IGP (Indication géographique protégée)
Cet ajout vise à éviter de « comparer des produits du terroir aux produits ultra-transformés », argument largement relayé dans l’hémicycle.
Cette exclusion a toutefois suscité la critique du Pr Serge Hercberg, concepteur du Nutri-Score. Dans son interview du 11 novembre 2025 sur FranceInfo, il rappelle que la qualité nutritionnelle n’est pas liée au caractère traditionnel ou patrimonial d’un produit, et qu’exclure certaines catégories revient à priver le consommateur d’une information transparente.
Il souligne également un risque de confusion :
un produit issu d’une recette ancestrale peut tout à fait présenter un profil nutritionnel peu favorable, et le consommateur doit être informé pour adapter ses quantités de consommation.
Les limites et incertitudes : une mesure encore loin d’être définitivement actée
Malgré sa visibilité médiatique, le vote du 7–8 novembre ne signifie pas que le Nutri-Score est déjà obligatoire. Plusieurs obstacles restent en suspens :
1 — Le texte doit être adopté dans la version finale de la PLFSS 2026
C’est une étape déterminante. Un amendement adopté en séance peut encore être supprimé, modifié ou rejeté lors des navettes parlementaires ou de la validation finale.
2 — Le gouvernement a émis un avis défavorable
La ministre de la Santé, Stéphanie Rist, a rappelé que cette mesure pourrait contrevenir au droit de l’Union européenne, dans la mesure où l’étiquetage nutritionnel harmonisé relève d’une réglementation communautaire.
3 — Risque de sanction européenne
Une obligation nationale trop stricte pourrait exposer la France à :
une procédure d’infraction,
une remise en cause de la mesure par la Commission européenne.
4 — Complexité opérationnelle
Plusieurs députés ont alerté sur :
la difficulté d’appliquer une sanction de 5% du CA,
les implications logistiques pour les fabricants,
l’intégration avec d’autres réglementations déjà existantes.
Le rapporteur Thibault Bazin a souligné que « ce ne sera pas simple à mettre en œuvre », en référence à l’absence de mécanisme opérationnel clair et aux délais nécessaires pour adapter les emballages.
5 — Opposition de certains partis
Notamment :
critiques sur la création de nouvelles contraintes,
dénonciation d’un “carcan normatif” pour les PME/TPE,
interrogation sur l’impact économique et territorial.
Contexte européen : entre ambitions initiales et blocages politiques
À l’échelle de l’Union européenne, le débat sur un étiquetage nutritionnel harmonisé à l’avant des emballages dure depuis plusieurs années.
Initialement : une volonté d’harmonisation
Le Nutri-Score avait été envisagé comme un candidat sérieux pour devenir le système européen commun. Plusieurs pays engagés dans la gouvernance transnationale soutenaient cette voie.
Mais depuis 2023–2024, le projet est bloqué
Certaines sources indiquent un abandon officieux de l’idée d’un étiquetage nutritionnel obligatoire unique au niveau UE, notamment en raison :
des réticences de certains États membres,
des divergences sur la méthodologie,
des pressions économiques et politiques.
Conséquence directe pour la France
L’absence d’harmonisation européenne rend plus délicate toute initiative nationale stricte.
C’est précisément l’argument avancé par la ministre Stéphanie Rist pour justifier son avis défavorable à l’amendement.
La France pourrait néanmoins avancer seule
L’histoire récente montre que :
le Nutri-Score a d’abord été lancé volontairement en France avant d’être repris par d’autres pays,
une adoption nationale obligatoire pourrait créer un effet d’entraînement.
Cependant, juridiquement, toute obligation restera fragile tant que l’UE ne statue pas.
Quels impacts pour les industriels ? Une réforme structurante pour l’offre alimentaire
L’éventuelle obligation du Nutri-Score intervient dans un contexte déjà marqué par un durcissement de l’algorithme (mars 2025) et une attente croissante des consommateurs en matière de transparence. Pour les industriels, cela représente non seulement un enjeu réglementaire, mais surtout un levier majeur de transformation de l’offre, touchant à la formulation, au marketing, aux chaînes d’approvisionnement et à la stratégie de marque.
Impacts généraux : un changement de paradigme pour la filière agroalimentaire
Le passage d’un Nutri-Score volontaire à un Nutri-Score obligatoire constitue une rupture majeure.
Dégradation généralisée des notes avec le nouvel algorithme (2025)
L’interview du Pr Serge Hercberg rappelle que de nombreux produits ont vu leur classification se dégrader avec l’application du nouvel algorithme.
Exemples cités :
des produits auparavant notés B sont désormais en D,
les boissons sucrées ou aromatisées sont plus sévèrement notées,
les produits gras ou salés sont réévalués à la baisse.
Ce mouvement n’est pas anecdotique : il modifie profondément la perception des gammes en rayon.
Une pression accrue sur la reformulation
Avec une note visible sur le packaging, la capacité à :
réduire le sel,
limiter les sucres ajoutés,
réduire les acides gras saturés,
augmenter les fibres,
devient un enjeu compétitif.
Une nouvelle hiérarchie des produits en rayon
L’affichage obligatoire entraînerait un phénomène déjà observé dans d’autres pays :
le consommateur compare en un coup d’œil, ce qui favorise les produits bien classés, mais pénalise fortement ceux classés D ou E.
Pour certaines catégories, c’est un risque d’éviction en linéaire.
Un impact direct sur l’image de marque
Alors que certains grands groupes n’utilisent pas encore le Nutri-Score (ex. Coca-Cola, Ferrero, selon les débats parlementaires), la mise en obligation pourrait conduire à :
repenser les recettes de produits phares,
rééquilibrer les portefeuilles de gammes,
repositionner les engagements RSE.
Enjeux opérationnels : calcul, mise à jour, packaging et gestion des stocks
1. Recalcul systématique du Nutri-Score (nouvel algorithme)
Chaque produit doit être recalculé avec l’algorithme entré en vigueur en mars 2025 en France (et déjà actif depuis 2024 dans d’autres pays).
Cela implique :
une analyse nutritionnelle complète selon les critères actuels,
la vérification des quantités de fruits/légumes/légumineuses,
la mise à jour des teneurs en fibres,
la revalorisation des données R&D.
Pour les entreprises multisites ou multi-pays, il faut gérer plusieurs calendriers de mise en œuvre.
2. Adaptation des emballages
L’obligation d’affichage entraîne :
refonte de l’identité graphique,
respect de la charte officielle,
repositionnement du logo sur les faces avant,
revalidation des BAT,
impression de nouveaux stocks.
Le délai d’écoulement des anciens emballages devient un enjeu majeur, surtout pour les acteurs ayant des volumes importants.
3. Enregistrement obligatoire pour l’usage de la marque
Même si l’obligation entre en vigueur, l’usage du Nutri-Score nécessite :
un enregistrement sur la plateforme Santé publique France (France),
un enregistrement international pour les marques multi-pays.
Cet enregistrement implique un engagement contractuel à respecter l’usage du logo sur toute la gamme concernée.
4. Transmission Oqali
L’obligation de transmettre les données à l’Oqali est actuellement suspendue, mais pourrait être réactivée à l’issue de la phase de transition.
Les services qualité devront donc anticiper un éventuel retour de cette exigence.
5. Gestion des stocks
Le rapporteur du PLFSS l’a rappelé : opérationnellement, ce n’est « pas simple ».
L’industrie doit prévoir :
désétiquetage éventuel,
gestion des invendus,
synchronisation des flux logistiques,
arrêt progressif des anciennes versions.
Enjeux réglementaires : conformité, sanctions et articulation avec INCO
Obligation potentielle = cadre légal structurant
Le passage à l’obligatoire placerait le Nutri-Score dans la même catégorie que :
la déclaration nutritionnelle,
les mentions obligatoires INCO,
les informations de conservation ou d’origine.
Sanctions prévues dans l’amendement : amende jusqu’à 5 % du chiffre d’affaires
Ce niveau de sanction est exceptionnellement élevé dans le secteur de l’alimentaire.
Même si cette disposition peut encore évoluer, elle envoie un signal clair aux industriels.
Compatibilité avec le droit européen
Comme le souligne la ministre de la Santé :
l’obligation pourrait être contestée au niveau européen,
les industriels pourraient se retrouver face à des injonctions contradictoires selon les pays.
Interaction avec les allégations nutritionnelles (Règlement 1924/2006)
Un produit affichant un Nutri-Score négatif :
ne peut pas toujours revendiquer certaines allégations (ex. « réduit en sucre »),
doit vérifier la cohérence entre discours marketing et profil nutritionnel affiché.
Enjeux économiques : coûts de reformulation, marketing et segmentation
Coûts de reformulation
Ils varient fortement selon les catégories :
développement R&D,
tests organoleptiques,
analyses réglementaires,
reformulation progressive pour limiter l’impact sur le goût.
Coûts packaging
Entre le repositionnement du logo, la réimpression des emballages et la mise à jour des contenus INCO, l’impact budgétaire peut être significatif, en particulier pour :
les PME/TPE,
les fabricants de produits saisonniers à forte rotation.
Segmentation du marché
L’obligation pourrait créer de nouveaux standards :
les “bonnes notes” (A/B) deviendraient un argument marketing,
les notes C/D/E pourraient entraîner :
perte de parts de marché
repositionnement stratégique
retrait de certains SKU trop pénalisés.
Risque concurrentiel
Les marques déjà engagées sur le Nutri-Score seraient avantagées.
Celles qui s’y sont opposées pourraient subir un coût d’entrée plus élevé.
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Analyse par secteur : quels industriels seront les plus impactés ?
L’obligation potentielle du Nutri-Score intervient dans un contexte où l’algorithme révisé (2025) a déjà entraîné une dégradation visible des notes dans de nombreuses catégories. Tous les secteurs ne sont toutefois pas affectés de la même manière. Certains voient leur profil nutritionnel fortement pénalisé, tandis que d’autres peuvent tirer parti de cette réforme pour renforcer leur image ou optimiser leurs gammes.
Produits transformés et ultra-transformés
Les produits transformés, en particulier ceux riches en sucres, sel ou matières grasses, sont parmi les plus affectés par le durcissement du calcul.
Enjeux clés :
Abaissement mécanique des notes en raison des seuils plus stricts.
Importance stratégique de la reformulation (réduction de sucre, graisses, sel).
Forte sensibilité aux comparaisons en rayon : céréales petit-déjeuner, biscuits, snacks, produits apéritifs.
Risques :
Bascule de C vers D voire E, selon les catégories.
Perte d’attractivité immédiate dans un contexte d’affichage obligatoire.
Produits salés : charcuterie, plats cuisinés, soupes, sauces
L’algorithme pénalise fortement :
le sel,
les acides gras saturés,
l’énergie.
Catégories critiques :
charcuteries (pâtés, rillettes, saucissons, jambons secs),
plats préparés et sauces,
soupes industrielles, bouillons.
Conséquences pour les industriels :
Difficile d’améliorer la note sans altérer le goût ou la texture.
Forte pression pour reformuler ou repositionner les produits.
Risque de voir certaines catégories rester structurellement en D/E, même avec ajustements.
Produits sucrés et boissons
Les boissons sont l’une des catégories les plus fortement impactées par la réforme :
les sodas, boissons aromatisées ou énergétiques obtiennent très souvent D ou E,
les boissons édulcorées voient leurs notes se dégrader également.
Côté produits sucrés :
desserts, confiseries, barres chocolatées, biscuits sucrés subissent des seuils plus stricts sur le sucre.
Enjeux :
Reformulation difficile (question d’arômes, stabilité, conservation).
Les marques très sucrées, souvent non engagées dans le Nutri-Score, seraient contraintes d’afficher une note défavorable.
Produits laitiers, fromages et spécialités régionales
Les produits laitiers sont impactés de manière variable selon leur teneur en matières grasses et en sel :
Produits potentiellement pénalisés :
fromages affinés (souvent riches en matières grasses et sel),
crèmes, beurres, desserts laitiers sucrés.
Mais :
certains produits sous signes de qualité (AOP/AOC/IGP) pourraient être exclus de l’obligation, selon le sous-amendement voté fin 2025.
Enjeux stratégiques :
Les producteurs non concernés par l’exclusion devront adapter leurs gammes.
Les industriels devront clarifier leur positionnement : terroir vs profiling nutritionnel.
Produits végétaux et alternatives plant-based
Les alternatives végétales constituent un secteur en croissance et relativement avantagé par certains aspects de l’algorithme :
Atouts :
teneurs souvent plus élevées en fibres,
présence accrue de légumineuses et légumes (critères positifs du Nutri-Score).
Limites :
certains produits plant-based sont fortement salés ou sucrés,
l’algorithme révisé pénalise toujours la densité énergétique et les acides gras saturés (ex. bases huileuses, desserts végétaux),
les boissons végétales peuvent être défavorisées si sucrées.
Impact :
les meilleurs élèves (A/B) tireront parti de l’obligation,
d’autres seront contraints de reformuler pour rester compétitifs.
Nutrition sportive, produits “healthy” et compléments
Les compléments alimentaires ne sont pas soumis au Nutri-Score.
En revanche, les produits borderline (boissons protéinées, barres nutritionnelles, snacks enrichis) le sont.
Enjeux :
densité énergétique souvent élevée,
teneurs en sucres ajoutés parfois importantes,
nécessité de reformuler pour ne pas être surtaxé ou mal positionné.
Les marques axées “healthy” devront consolider leurs discours marketing avec les résultats affichés.
Produits bio, artisanaux et premium
Contrairement à une idée reçue, un produit bio n’obtient pas nécessairement un bon Nutri-Score.
Réalités du marché :
un biscuit bio peut être en D,
une sauce artisanale riche peut être en E,
un yaourt sucré bio n’échappe pas au classement.
Risques :
dissonance perçue par le consommateur entre promesse “naturelle” et note nutritionnelle,
nécessité de reformuler pour maintenir la confiance.
Produits exclus de l’obligation : un avantage compétitif limité
Si l’obligation est confirmée, les produits AOP/AOC/IGP ou sous signes officiels de qualité pourraient être exemptés.
Avantage :
pas d’affichage obligatoire = pas d’impact direct sur la perception nutritionnelle.
Limites :
le Pr Hercberg souligne un manque d’équité informationnelle,
le consommateur pourrait interpréter l’absence d’affichage comme un retrait volontaire,
les distributeurs pourraient demander malgré tout une visibilité nutritionnelle.
Comment les industriels peuvent anticiper ?
L’évolution du Nutri-Score vers une possible obligation ne doit pas être abordée comme une simple contrainte réglementaire. Pour les industriels, c’est un levier stratégique de compétitivité, à condition d’anticiper et d’organiser une démarche structurée.
Voici les axes clés pour se préparer efficacement.
Réaliser un diagnostic Nutri-Score complet
La première étape consiste à établir un état des lieux précis pour chaque référence commercialisée.
1. Calculer le Nutri-Score avec le nouvel algorithme (2025)
L’algorithme ayant été révisé en 2025 en France (et 2024 dans plusieurs pays européens), il est essentiel de recalculer les scores à partir de :
la teneur en énergie,
sucres,
acides gras saturés,
sel (sodium),
fibres selon les méthodes AOAC,
protéines,
pourcentage de fruits/légumes/légumineuses.
Certaines catégories nécessitent des calculs spécifiques (ex. boissons, matières grasses).
2. Identifier les produits “critiques”
Il est utile de classer les produits en trois zones :
Zone favorable (A–B) : valorisation possible.
Zone neutre (C) : risque de basculer défavorablement selon reformulation concurrente.
Zone défavorable (D–E) : actions immédiates à envisager.
3. Construire une cartographie par gamme et par marché
Pour les marques distribuées dans plusieurs pays (France, Allemagne, Suisse, Belgique), les variations de calendrier et de mise en œuvre du nouvel algorithme doivent être intégrées.
Reformuler les produits : l’enjeu le plus structurant
La reformulation deviendra dans de nombreux cas la seule solution pour éviter une note défavorable.
Axe 1 — Réduire le sucre
C’est l’un des critères les plus pénalisants, en particulier dans les biscuits, boissons et desserts.
Actions possibles :
diminution progressive du sucre total,
ajustement des profils aromatiques,
reformulation avec alternatives naturelles selon réglementation.
Axe 2 — Réduire le sel / sodium
Crucial pour les produits salés (plats cuisinés, charcuterie, sauces).
Actions possibles :
travail sur matrices,
réduction par paliers,
optimisation des agents de sapidité.
Axe 3 — Diminuer les acides gras saturés
Pertinent pour les produits laitiers, snacks et pâtisseries.
Actions possibles :
révision des matières grasses utilisées,
utilisation d’huiles plus favorables,
optimisation des procédés.
Axe 4 — Augmenter les fibres, fruits, légumes, légumineuses
Souvent la méthode la plus efficace pour gagner des points positifs.
Axe 5 — Réévaluation des portions et recettes
Même si le Nutri-Score est calculé sur 100 g, des ajustements de formulation peuvent influencer fortement la note.
Adapter les packagings : un chantier transversal
L’obligation entraînerait une révision quasi systématique des emballages.
1. Respect de la charte graphique Nutri-Score
Le logo doit :
apparaître sur la face avant,
respecter les proportions, couleurs et formats définis dans la charte,
être appliqué uniformément sur tous les produits d’une même marque (condition contractuelle).
2. Coordination avec les autres mentions réglementaires
À harmoniser avec :
la déclaration nutritionnelle INCO,
les allégations nutritionnelles (si présentes),
les mentions d’origine,
les exigences marketing.
3. Gestion des stocks d’emballages
Un point critique pour les industriels de taille moyenne :
planification du phasing-out,
gestion logistique,
anticipation des délais d’impression (haute saison).
Communiquer en interne et auprès des consommateurs
L’affichage du Nutri-Score a un impact direct sur la perception des produits. La communication doit être anticipée.
Communication interne :
sensibilisation des équipes R&D, marketing, qualité, réglementation, production,
formation au calcul et à l’interprétation du Nutri-Score,
préparation des argumentaires commerciaux.
Communication externe :
transparence sur la démarche nutritionnelle,
explication des reformulations (avec ou sans changement gustatif),
valorisation des scores améliorés,
cohérence avec les engagements RSE.
Les entreprises déjà engagées sur la nutrition (réduction du sucre, reformulation active) pourront valoriser leur anticipation.
Comment YesWeLab accompagne les industriels face à l’obligation du Nutri-Score ?
L’évolution du Nutri-Score vers une éventuelle obligation nationale, combinée au durcissement de l’algorithme en 2025, place les industriels devant des enjeux techniques majeurs : analyses nutritionnelles fiables, reformulation, mise en conformité INCO + Nutri-Score, recalcul systématique, et harmonisation multi-pays.
Grâce à son réseau de laboratoires partenaires et à son expertise dans l’étiquetage nutritionnel, YesWeLab est en mesure d’accompagner l’ensemble de ces étapes.
Réaliser les analyses nutritionnelles nécessaires au calcul du Nutri-Score
L’obtention d’un Nutri-Score fiable repose avant tout sur des analyses de laboratoire précises, effectuées selon les méthodes normalisées. YesWeLab propose l’ensemble des analyses indispensables :
Analyses nutritionnelles clés (selon INCO et algorithme Nutri-Score) :
Énergie (kJ / kcal) — calculée à partir des facteurs Atwater.
Lipides totaux
Acides gras saturés (AGS)
Glucides totaux / sucres
Fibres alimentaires (méthodes AOAC reconnues)
Protéines
Sel / sodium
Teneur en fruits, légumes, légumineuses (si nécessaire pour les produits composés)
Ces données permettent d’obtenir un Nutri-Score exact et conforme au nouvel algorithme 2025.
Avantages pour les industriels :
données fiables pour le calcul,
conformité INCO et cohérence entre table nutritionnelle et Nutri-Score,
anticipation des reformulations.
Audit complet Nutri-Score et analyses comparatives
YesWeLab peut guider les industriels grâce à un diagnostic détaillé, incluant :
1. Calcul du Nutri-Score pour l’ensemble de la gamme
application de l’algorithme actualisé (France 2025 / versions 2024 pour d’autres pays),
diagnostic produit par produit,
classification A/B/C/D/E.
2. Identification des leviers d’amélioration
réduction ciblée du sel, sucre ou AGS,
augmentation fibres/légumineuses,
analyse des options de reformulation.
Accompagnement des reformulations et optimisation nutritionnelle
YesWeLab peut s’appuyer sur son réseau de laboratoires et d’experts pour aider les entreprises à améliorer leurs produits, notamment dans les catégories les plus sensibles.
Actions proposées :
analyses intermédiaires pour valider les pistes R&D,
contrôles nutritionnels après chaque étape de reformulation,
validation finale avant lancement du nouvel emballage.
Intérêt pour les industriels :
réduire la part d’incertitude,
sécuriser la note obtenue par le produit reformulé,
optimiser l’impact sensoriel/minimal sur les recettes.
Mise en conformité INCO + Nutri-Score : un accompagnement complet
L’obligation du Nutri-Score doit s’intégrer à l’ensemble de l’étiquetage réglementaire. YesWeLab peut accompagner les fabricants dans :
1. La validation de l’étiquetage nutritionnel
cohérence entre analyses, tableau INCO et Nutri-Score,
vérification réglementaire des mentions obligatoires.
2. La mise en conformité des packagings
appui sur l’usage correct du logo (charte graphique),
aide à l’intégration harmonieuse dans le packaging,
accompagnement sur les contraintes d’impression.
3. Le passage à l’échelle multi-pays
gestion des différences de calendriers entre :
France (algorithme 2025),
Allemagne, Belgique, Suisse, Pays-Bas (2024),
Luxembourg (2024).
adaptation des emballages selon les exigences locales.
Un partenaire fiable pour anticiper les évolutions réglementaires
L’évolution du Nutri-Score vers l’obligation est encore en discussion, mais les industriels doivent dès maintenant :
évaluer leur portefeuille,
anticiper les modifications réglementaires,
sécuriser leurs analyses nutritionnelles,
préparer leurs stratégies de reformulation.
YesWeLab, grâce à sa plateforme digitale et son réseau de plus de 200 laboratoires partenaires, est en mesure d’accompagner efficacement cette transition.

